Editorial politique
Il paraît que le degré d'implication des français dans la campagne est important. Non pas parce que les débats les passionnent, mais, nous assure-t-on, parce qu'ils redécouvrent qu'ils sont des électeurs. Une affirmation condescendante qui les fait passer pour des imbéciles et l'abstention pour un non-choix, alors que leur pseudo mobilisation, qui reste à confirmer, ne semble dictée que par leur inquiétude de l'avenir et par la dégradation de la situation et des échanges…
Sans doute est-ce dû au fait que, ne pouvant faire la différence sur des sujets traditionnels, ne pouvant tout simplement pas convaincre avec les recettes qui sont les leurs, quelques candidats ont décidé de revenir sur le thème qui a fait le succès de Jacques Chirac en 2002, nous voulons parler de l'insécurité. C'est le cas de Nicolas Sarkozy qui sait qu'il est plus crédible que Ségolène Royal en la matière, même si cette dernière aborde ces questions sans complexe. Nicolas Sarkozy, plus crédible également que François Bayrou qui perd des points dans les sondages quand cette question est posée parce qu'il se contente de souligner le «tout répressif» de l'ex-ministre de l'Intérieur et le laxisme de la gauche.
Une situation qui fait jubiler Jean-Marie le Pen. Le leader du Front national ne croit plus que les Français, dans un second tour auquel il participerait, se détourneraient de lui comme ils l'ont fait en 2002. Il considère même que Nicolas Sarkozy, en revenant sans cesse sur ces questions, lui prépare le terrain comme jamais personne ne l'a fait. Et quand il s'exprime hors micro, on peut entendre comme une sorte de jubilation d'avoir su amener ses adversaires là où il voulait les amener sans rien faire. Un champ de bataille sur lequel il est certain de l'emporter parce que, répète-t-il à l'envi : les Français préféreront, à la fin, l'original à une copie dont la pâleur aurait été mise en relief ces dernières années...
En fait, et nous ne pouvons qu'être d'accord avec Stéphane Rozès, tout se passe comme si l'actualité servait à tester la cohérence des principaux candidats.
-La raison pour laquelle, sans doute, François Hollande s'est montré en meeting, hier soir à Limoges, aux côtés de Ségolène Royal, lui donnant un baiser censé prouver publiquement qu'ils sont un vrai couple, ce qui n'est pas une preuve en soi...
-La raison pour laquelle, également, Nicolas Sarkozy insiste sur la polémique autour de la sécurité.
-La raison, enfin, pour laquelle Nicolas Hulot, désespéré de voir le tour que prend la campagne, va tenter de mobiliser dimanche afin de remettre l'écologie au centre des préoccupations et rappeler à des candidats qui pensent avoir fait l'essentiel en signant son pacte, qu'ils se trompent. Nicolas Hulot, le seul finalement à dire que nous n'avons guère le choix, qu'il faut «vivre et construire ensemble», à commencer par une éco-citoyenneté. Mais Nicolas Hulot n'est pas candidat. Il s'est retiré, illustrant ainsi le fait que les meilleurs partent toujours les premiers.
par Patrice Biancone
[30/03/2007]
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