Revue de presse internationale

Revue de presse internationale du 17/6/2005

Catégorique en première page, Le Figaro sait déjà pourquoi vote l'Iran : «pour un dégel avec l'Amérique» ! Le Monde s'attend à ce qu'aucun des sept candidats à l'élection présidentielle ne franchisse ce vendredi «la barre des 50 %»... Dès lors, «un second tour devrait avoir lieu le 24 juin ou le 1er juillet»... Sud-Ouest considère que «dans l'échiquier moyen-oriental, l'Iran, terre d'Islam et nation non arabe, a de bonnes cartes dans son jeu... Après avoir été incendiaire, elle pourrait jouer sinon les pompiers, au moins les pare-feu»... La République des Pyrénées souligne que dans ce pays, «les jeunes de moins 25 ans représentent plus de 60 % de la population. Vivant sous le régime austère des mollahs, cette jeunesse qui n'a jamais connu le régime du Shah - chassé en 1979 - ne voit plus que les défauts et les excès du régime islamique... Sans pouvoir les comparer à ceux du régime précédent»... Selon le Télégramme, si monsieur Rafsandjani devait être élu, il n'aurait guère de moyens pour s'opposer aux conservateurs qui bloquent tout assouplissement du régime, tant au niveau de la société que dans les relations avec le «grand Satan» américain... «En réalité, poursuit ce confrère, c'est l'enjeu nucléaire qui mobilise tous les acteurs de la scène internationale et les Américains laissent, pour l'instant, les Européens jouer la carte diplomatique»...

L'envoyé spécial de L'Humanité rapporte de Téhéran l'opinion de Mohammed, un chauffeur livreur qui n'ira pas voter aujourd'hui : «Nous sommes un pays riche, mais nous avons de mauvais gestionnaires». Autre citation, dans La Croix, d'un «commerçant endurci de l'abstentionnisme»... Selon lui, la Constitution devrait être radicalement réformée, mettant fin au règne des religieux... Il est favorable à l'idée d'un référendum «pour ou contre la constitution islamique»... Une proposition avancée notamment par le prix Nobel de la paix Shirin Ebadi» - souligne le quotidien catholique... «L'Iran broie du voile», titre encore en Une Libération... L'éditorial assure : «il n'est pas simple de passer de la mollahcratie à la démocratie... S'ils veulent sauver leur turban, les mollahs devront s'ouvrir au monde, poursuit le papier, y compris au grand Satan américain et à ses diablotins européens»...

En berne

De Londres, The Independent décrit le souper d'hier soir de nos diablotins européens comme «un dîner en enfer»... Avec un dessin où de la fumée sort des oreilles de Tony Blair, tandis que Chirac et Schroeder trinquent au champagne... Autre caricature en page deux du Parisien : la scène est au salon des avions du Bourget... Chirac scrute un drône... Un expert à binocles lui lance : «C'est un avion sans pilote qui fait du rase-mottes»... On pense le baptiser «politique européenne»... Le Guardian estime lui que «l'atmosphère désolante» des lieux de débats n'améliore pas le moral déjà en berne des dirigeants à Bruxelles... Ils «façonnent le continent dans un immeuble terne et sans âme... Avec ses plafonds bas et ses interminables couloirs anonymes, il mine la bonne volonté des délégués, même les plus optimistes»... En revanche le Sun se réjouit, éprouvant le sentiment que Londres, et non Paris ni Berlin, tient pour la première fois depuis des années la clé de l'équilibre des forces dans l'Union... Se référant au soutien suédois et hollandais sur la réduction du budget, le Times considère que «la Grande-Bretagne gagne de nouveaux alliés»... Et s'il s'y prend bien, ajoute le Financial Times, «Blair peut parvenir à un consensus européen», en prenant la tête de l'Europe.

Pour l'Est Républicain, l'affaire est entendue, «le sommet de Bruxelles a de grandes chances de tourner au fiasco»... «Sans idéal, écrit Ouest-France, l'Europe n'a plus de sens... Une union exclusivement fondée sur les intérêts égoïstes est condamnée à dépérir»... La Charente Libre estime aussi que «l'échec (est) quasi programmé... En effet, nos grands chefs d'Etat européens, de Chirac à Blair, en passant par Berlusconi ou Zapatero, arrivent tous au sommet avec dans leur besace leurs propres revendications nationales... Pour Chirac, c'est la PAC (la Politique Agricole Commune), pour Blair le rabais, etc... Bref, les chantres de l'Europe se muent en boutiquiers prêts à en découdre pour sauver leur cassette... Cassette nationale qui rime avec opinion nationale»... Selon les Dernières Nouvelles d'Alsace, «La Constitution rejetée par les Français et les Néerlandais a bel et bien été classée hier au rayon archives par le Conseil de Bruxelles».... Sur l'avenir de l'Europe, le Midi Libre constate que «le sol se dérobe sous les pieds de Chirac... Il improvise et il patauge... L'axe franco-allemand flageole»... Et pourtant, la Presse de la Manche souligne que Paris doit s'allier avec Londres, «sans rien renier de l'amitié franco-allemande»... Mais il est vrai que «l'Angleterre a toujours gardé l'allure d'une 'old lady', soucieuse de préserver sa virginité et qui, venue prendre le thé en Europe, conserve néanmoins ses gants, de peur de se brûler»... Pour la République du Centre, «Croire que la France sauvera sa PAC sans nouvelle contribution, c'est vouloir le beurre et l'argent du beurre»... Les Dernières Nouvelles d'Alsace redoutent que «la pause» ne se transforme en «panne européenne pendant un bon bout de temps»... Le Figaro interprète la suggestion chiraquienne de réunion exceptionnelle sur le fonctionnement et l'élargissement comme un «virage» à propos de la Turquie... Interrogé par Le Monde, le directeur du Centre de théorie politique à l'université libre de Bruxelles résume : «L'Union est devant un triple choix : sur sa nature, son rôle dans le monde et sa façon de procéder»... L'Humanité déplore que le seul changement annoncé ne porte que sur «le calendrier»... Libération cite enfin ce mot d'un diplomate à Bruxelles : «Tony Blair a réussi à poser l'équation suivante : le chèque s'explique par la PAC, la PAC c'est Chirac, Chirac est ringard, donc la PAC est ringarde»... Néanmoins, Blair aurait «le mérite de taper là où ça fait mal... (Question) : l'Europe fait-elle assez pour la recherche, les grands travaux d'infrastructure et tout ce qui pourrait doper sa croissance ?»