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<A href="http://collectifddm.free.fr" target=_BLANK>Le collectif Devoirs de mémoires</A> incite les jeunes à s’inscrire sur les listes électorales.(Photo: DDM)
Le collectif Devoirs de mémoires incite les jeunes à s’inscrire sur les listes électorales.
(Photo: DDM)
«Pour que nos voix comptent, fédérons-nous !» clame l’appel d’un collectif d’artistes engagés qui souhaite sensibiliser les jeunes à exercer leur devoir de citoyen. Le collectif Devoirs de mémoires, rebaptisé Devoirs de réagir pour cette opération, a pour objectif de lutter contre les discriminations raciales : plusieurs personnalités issues du monde du spectacle appellent les jeunes et les moins jeunes à s’inscrire en masse sur les listes électorales «pour que Liberté, égalité, fraternité s’inscrivent réellement dans notre quotidien».

« Le 20 décembre allons nous inscrire ! Allons jeunes et moins jeunes de la patrie, le jour de s’inscrire sur les listes électorales est arrivé ! », tel est l’appel du collectif d’artistes engagés, dérivé du collectif Devoirs de mémoires et baptisé Devoir de réagir. Un certain nombre de célébrités jouissant d’un bonne image auprès des jeunes, espèrent valoriser la responsabilité civique. Par cet appel, intitulé : « Pour que nos voix comptent, fédérons-nous ! », les signataires militent pour faire prendre conscience aux jeunes qu’ils ont des droits, et qu’un scrutin constitue une force de représentation. Faisant référence au succès du Front national lors de la dernière élection présidentielle, la dernière phrase du texte motivera sans doute les sceptiques : « Si on ne s'occupe par de la politique, la politique s'occupe et s'occupera de nous (...) S'inscrire, c'est nécessaire, surtout maintenant. Nous ne voulons pas revivre le 21 avril 2002. Passons le message. ».

Parmi les signataires de cet appel, les comédiens Jean-Pierre Bacri, Alain Chabat et Jamel Debbouze, le rappeur Joey Starr, l’acteur- réalisateur- scénariste Mathieu Kassovitz et le footballeur Lilian Thuram parrainent l’opération de mobilisation -aux côtés de Olivier Besancenot, porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire- du collectif Devoir de réagir. Ils demandent parallèlement au monde associatif de soutenir leur initiative. Joey Starr, l’ancien membre du groupe de rap NTM, a confié au quotidien Libération : « On espère qu’on va bientôt travailler avec toutes les associations sur le terrain pour ancrer cette idée dans le long terme. Si les jeunes (…) prennent ce réflexe-là, ça créera peut-être aussi des vocations. ». Un message fort venant de la part d’un rappeur qui jouit d’une grande notoriété auprès des jeunes, et qui est connu pour tenir des propos subversifs dans les textes de ses chansons. 

Investir le champ politique, plutôt que de brûler des voitures

Il s’agit donc bien par cet appel -dont le texte intégral est consultable sur http://ddreagir.blogspot.com-, d’inciter le plus grand nombre de jeunes à se rendre à la mairie, munis d’une pièce d’identité, pour confirmer leur enregistrement sur les listes électorales. Joey Starr, qui reconnaît n’avoir jamais voté, déclare : « Là je me réveille et j’espère en réveiller plein d’autres avec moi. Je vais aller chercher ma carte d’électeur et je vais aller voter ». 

« Soyons représentés ensemble dans le cadre républicain », est-il mentionné dans l’appel. Cet « ensemble » fait référence d’une part à tous ceux qui se sentent marginalisés et d’autre part ceux qu’ils doivent rejoindre, c’est-à-dire -à l’opposé- tous ceux qui sont intégrés au système éducatif, social, économique et politique. Les jeunes issus des banlieues défavorisées constituent le cœur de cible de cette campagne. Il s’agit, pour ce collectif, de réagir contre la discrimination raciale dont sont victimes les « enfants de l’esclavage et de la colonisation ».

« Je n’ai jamais cru dans la politique, avant »

Les vagues de violences qui ont agité les banlieues le mois dernier restent très présentes dans les mémoires. Pour éviter que cela ne recommence, il est urgent de se mettre au travail et de restaurer le lien social. Leïla Dixmier, métisse francosénégalaise et présidente de Devoir de mémoires, promeut pour sa part l’acte civique comme une ouverture et une prise de parole responsables. « On veut aussi que cette action soit une réaction et une solution à ce qui se passait dans les banlieues en novembre», déclare-t-elle dans le quotidien Libération. C’est « une des solutions concrètes après les révoltes sociales », souligne l'appel.

Pour la majeure partie des signataires du collectif Devoirs de mémoires, le fait d’aller chercher sa carte d’électeur constituera une première. « Je n’ai jamais cru dans la politique, avant, ajoute Leïla Dixmier. J’ai toujours trouvé que (…) voter ne changeait rien. Mais le fait d’avoir parlé d’histoire, d’avoir pu me réapproprier certaines choses, ça me donne confiance », a-t-elle déclaré à la sortie d’une réunion de réflexion sur les traces de la colonisation dans la société française et les pratiques policières depuis cinquante ans.


par Dominique  Raizon

Article publié le 12/12/2005 Dernière mise à jour le 12/12/2005 à 17:43 TU