Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

JO de Pékin 2008

La flamme des JO en Chine

par Alain Renon

Article publié le 02/05/2008 Dernière mise à jour le 02/05/2008 à 21:25 TU

La torche olympique a entamé, vendredi 2 mai à Hong Kong, son parcours officiel en Chine. Pendant un peu plus de trois mois, elle va sillonner l’immense territoire du pays (9,6 millions de km²), en passant par les 34 unités administratives chinoises : les 2 zones spéciales de Hong Kong et Macao, les 23 provinces, les 5 régions autonomes (dont le Tibet et le Xinjiang) et les 4 villes métropolitaines (Shanghai, Chongqing, Tianjin et enfin Pékin). Au total, 114 villes auront accueilli la flamme avant son retour dans la capitale, le 6 août, 48 heures avant la cérémonie d’ouverture des Jeux d’été. Chahutée lors de son tour du monde, à Londres, Paris, San Francisco, mais aussi à New Delhi, Canberra ou encore Nagano, la torche devrait connaître des jours plus tranquilles sur le sol chinois. Avec des étapes à la gloire de l’histoire du pays, avant et depuis la conquête maoïste du pouvoir en 1949 et de sa puissance commerciale. Avec aussi quelques relais qui pourraient s’avérer délicats en pays tibétain et ouïgour.

Le parcours de la flamme olympique en Chine.(Carte : RFI)

Le parcours de la flamme olympique en Chine.
(Carte : RFI)

  Puissance économique et commerciale

Après Hong Kong, Macao et l’île de Hainan, la torche prend le chemin du Guangdong et fait escale le 7 mai dans la capitale provinciale, Guangzhou (Canton). Terre d’origine de nombreux émigrants chinois aux Etats-Unis, Canada, Australie…, au XIXe et au XXe siècles, le Guangdong a bénéficié des investissements de ces Chinois de l’étranger, attirés par la proximité de Hong Kong. C’est l’une des régions les plus prospères de Chine, qui abrite notamment la zone économique spéciale de Shenzhen (8 mai). Autre symbole de la réussite commerciale du pays,  Shanghai (20 et 21 mai), véritable vitrine économique de la Chine communiste. Mégapole de 16 millions d’habitants, dont le port, l’un des plus importants du pays, est désormais relié à celui de Ningbo par un pont routier de 36 kilomètres sur le delta du Yangtzé, inauguré le 1er mai.

Histoire ancienne et révolution communiste

Si la flamme s’arrête à Jinggangshan (15 mai), c’est parce que cette petite ville de la province du Jiangxi est considérée comme le « berceau de la Révolution chinoise ». C’est dans cette région montagneuse que quelques centaines de combattants communistes s’étaient repliés à la fin des années 20 avec Mao, après une série de défaites face aux troupes nationalistes du Kuomintang de Tchang Kaï-chek. C’est de Jinggangshan que Mao et ses troupes prirent le chemin du Shanxi, en 1934, pour faire jonction d’autres groupes communistes. C’est le début de la Longue Marche.

En passant à Nanjing (Nankin) le 24 mai, c’est à la fois son histoire ancienne et contemporaine que la Chine entend commémorer. Nankin constitue d’une part l’un des symboles nationalistes les plus virulents face au Japon, dont les troupes d’occupation ont massacré des dizaines de milliers d’habitants en 1937 (300 000 morts, selon les statistiques officielles). La ville était alors la capitale de la République de Chine, après avoir été celle de l’empire, au début de la dynastie Ming, au XIVe siècle.

Honorer la riche histoire de l’Empire du Milieu, c’est également la raison d’être des étapes de Xian (7 juillet), capitale du Shanxi, l’une des plus anciennes régions habitées de Chine et dont l’armée enterrée de soldats en terre cuite, vieille de 2000 ans est aussi célèbre aujourd’hui que la Muraille de Chine.

Minorités nationales 

La Chine communiste reconnaît officiellement 55 minorités et prétend également démontrer que les régions éloignées de Pékin, ethniquement et culturellement très différentes de la majorité han (les Chinois ethniques, plus de 90% de la population), sont bien intégrées à la nation. C’est pourquoi la flamme se doit de faire escale à Lhassa (20 et 21 juin), capitale de la « Région autonome du Tibet » puis à Urumchi (25 juin) et Kashgar (26 juin), respectivement capitale et principale oasis ouïgoure de la « Région autonome du Xinjiang ».

Les populations tibétaine et ouïgoure (minorité turcique musulmane) dénoncent l’une et l’autre la colonisation  de leurs terres par  les Han et une politique de sinisation forcée qui visent, selon elles, à effacer leur culture, en assimilant leurs défenseurs à des séparatistes sinon des terroristes. Dans ces deux régions, le passage de la flamme pourrait donner lieu à des manifestations, malgré les importants effectifs militaires et policiers qui y sont stationnés en permanence.