par Solenn Honorine
Article publié le 12/05/2009 Dernière mise à jour le 25/05/2009 à 12:29 TU
Les îles britanniques sont situées encore plus au Nord que Montréal ; mais si elles ne connaissent pas les mêmes hivers rigoureux que le Canada, c’est grâce à l’action du Gulf Stream, un puissant courant venu du Sud qui non seulement réchauffe les lieux de baignade européennes, mais surtout régule la température sur tout le continent – d’où la douceur de l’hiver anglais. « Sans océan, il n’y aurait pas de climat et la planète serait invivable », résume Jacqueline Adler, de l’Organisation des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE).
« Perturbez les courants océaniques mondiaux, et les scénarios d’Hollywood, où New York connaît un âge de glace, ne sont plus aussi ridicules », ajoute-t-elle. « Ajoutez à cela le fait que les mers absorbent au moins un quart des émissions de carbone produites par l’homme, et les océans deviennent un point central dans la lutte contre le changement climatique », conclut Jacqueline Adler.
Pourtant, pour la première fois, les océans sont au cœur de discussions sur le réchauffement climatique. A ce titre, la Conférence mondiale sur les océans qui se déroule en ce moment en Indonésie marque « un tournant », poursuit Jacqueline Adler. « Espérons que les gouvernements présents vont s’engager à ce que, enfin, des problèmes auxquels que nous aurions dû nous attaquer il y a 20 ans commencent à être pris au sérieux ».
Acidification des océansMalgré leur importance dans la régulation du climat, les océans restent extrêmement mal connus. Les scientifiques n’ont découvert que récemment que, par exemple, les océans sont devenus 30% plus acides qu’ils ne l’étaient avant l’industrialisation – tout cela à cause des rejets de carbone. Or ceci revient à modifier directement la composition chimique de ces énormes masses d’eau, et menace l’équilibre des écosystèmes marins.
Le phénomène reste encore mal connu, mais à certaines périodes des zones marines deviennent tellement acides que les carapaces d’organismes vivants se dissolvent dans l’eau, ce qui pourrait amener à la multiplication de « zones mortes » dans les océans. Et même sans aller jusqu’à ces extrêmes, l’augmentation de l’acidité des océans peut avoir des conséquences dramatiques sur tout l’écosystème : dans certaines zones du Pacifique par exemple, les sources de nourriture des saumons sont menacées, ce qui a des effets directs sur les populations de ces poissons.
« Nous venons à peine de découvrir l’augmentation de l’acidité des océans. Qu’est-ce que l’avenir nous réserve ? », interroge Richard Spinard, de l’organisme de recherche américain NOAA. « Nous devons donc investir dans la recherche, car ce n’est pas possible de diagnostiquer l’état d’un patient si l’on ne dispose pas de ses données vitales de base ».
L’une des principales raisons de ce manque de données tient dans le fait que les technologies pour explorer les océans sont relativement nouvelles. Alors que les scientifiques disposent de décennies d’informations concernant la température du globe ou les effets du climat, la collecte de données sous-marine n’a commencé qu’il y a qu’une trentaine d’années. « Mais nous disposons aujourd’hui de techniques de pointe, moins chères qu’auparavant », avance Tony Haymet, directeur de l’institut d’océanographie Scripps, en Californie. « Il y a encore beaucoup de choses que nous ignorons, mais ce n’est pas une excuse pour procrastiner, c’est une raison pour agir maintenant ».
Marche vers CopenhagueAgir : les yeux sont tournés vers Copenhague, où la communauté internationale devrait décider d’un nouveau mécanisme de lutte contre le réchauffement climatique pour remplacer le protocole de Kyoto, qui expire en 2011. La prise en compte des océans dans ce mécanisme est l’un des buts de la conférence de Manado.
Pourtant pour l’instant il n’est pas question d’intégrer les océans dans les mécanismes d’échange de droits à polluer, comme il en est question pour les forêts via le projet REDD, et les propositions restent vagues mis à part le fait qu’il s’agit d’une motivation de plus pour diminuer drastiquement les émissions de carbone.
Premier pas : améliorer la gestion des océans. Une solution locale à un problème global. « On a besoin de garder des océans aussi propres que possible comme cela, les organismes qui absorbent le carbone peuvent continuer à faire leur travail », résume Jacqueline Adler.
Pour en savoir plus :
Consulter les sites
- du Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE)
- vidéothèque du CNRS
- de la Cité des sciences sur océans et climat
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