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Pakistan

Au Pakistan, les combats font rage

Après un nouvel assaut contre environ 500 combattants lourdement armés, encerclés à la frontière de l’Afghanistan, les forces pakistanaises ont capturé plus de 100 membres et partisans présumés d’Al-Qaïda.
Dans la zone tribale frontalière de l’Afghanistan, et après un nouvel assaut contre quelque 500 combattants lourdement armés, supposés protéger un membre important du réseau islamiste, un officier pakistanais a annoncé samedi la capture d’une centaine de membres et partisans présumés du réseau d’Al Qaïda.

«Un grand nombre de taliban ont attaqué vendredi soir à la roquette et à la mitrailleuse la base (militaire américano-afghane) de Lwara» dans la province de Paktyka, a déclaré à l’AFP un commandant local des forces pro-gouvernementales afghanes, Zakim Khan. «Nous avons riposté en utilisant de l’artillerie lourde et des mortiers, les combats ont duré près de 4 heures, entre 20H00 et minuit» a-t-il poursuivi. A l’issue de ces affrontements, vendredi soir, ce sont au moins «trois combattants d’Al Qaïda» qui ont été tués, a-t-on appris samedi de sources concordantes.

Après que les forces américaines et afghanes ont repoussé l’attaque des taliban contre leur base, c’est avec l’appui d’officiers de renseignements américains qu’une «importante» opération pakistanaise a sévi dans une zone de 5 kilomètres sur dix, dans le district tribal du Sud – Waziristan. La zone, où les extrémistes islamistes sont encerclés, est située à 300 kilomètres au sud-ouest d’Islamabad, entre la frontière afghane et Wana, capitale du Sud – Waziristan.

«Cette opération a été entreprise dans l'intérêt du Pakistan et sera poursuivie jusqu'à ce que la mission soit accomplie» a déclaré le général Sultan. Pour les autorités pakistanaises, «l'enjeu de la bataille porte aussi sur la stabilité intérieure de la région». «Plus de 100 personnes ont été arrêtées, dont un certain nombre d’étrangers» a annoncé, devant la presse, le général Safdar Hussain, commandant de l’opération militaire en cours.

Des combats acharnés

Le nouvel assaut, soutenu par des hélicoptères, a fait face à des combattants lourdement armés. Dans la zone tribale, un journaliste AFP atteste avoir vus ces hélicoptères qui «tiraient sur des cibles au sol»(alors que) «parallèlement, les troupes au sol faisaient mouvement» ajoute-t-il. Les islamistes, encerclés ont affirmé leur détermination à «combattre jusqu’au bout», ont déclaré les responsables militaires pakistanais, et la population -près de 30 000 personnes- déserte la région depuis mardi dernier. Les derniers raids auraient fait des victimes parmi les civils, et la population demanderait une trêve pour pouvoir enterrer ses morts.

Outre les trois hélicoptères que des «témoins ont vu atterrir tôt samedi, à Wana», rapporte une dépêche AFP, et qui rejoignaient ainsi le théâtre des opérations, ce sont plusieurs milliers de soldats et de paramilitaires que le Pakistan a déployés pour mener une lutte acharnée. De son côté, l'armée américaine, qui fournit aux troupes pakistanaises des renseignements obtenus par les images satellites, par les avions espions sans pilote, et par leurs stations d'écoute, a aussi installé sur la frontière des radars de localisation de tirs et des senseurs électroniques. Toutefois, bien qu’aidés de cette logistique américaine, les Pakistanais disent n'avoir toujours pas, pour le moment, de «renseignements spécifiques» concernant l’éventuelle présence du numéro 2 d’Al Qaïda, l’Egyptien Ayman al-Zawahari, médecin personnel d’Oussama ben Laden, considéré comme un des instigateurs des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

Des sources pakistanaises évoquent la présence de deux autres responsables fidèles à Al-Qaïda. Il s'agirait de Tahir Yaldash, qui avait pris la direction du Mouvement islamique d'Ouzbékistan -après la mort en Afghanistan de son chef lors d'un bombardement américain, Juma Namangani-, et du commandant Danyar, qui serait «tchétchène». La présence de Yaldash dans le district tribal du Waziristan sud, où il commanderait tous les fidèles d'Al Qaïda originaires d'Asie centrale, est évoquée depuis longtemps, rappelle le journal Le Monde (21 mars 2004).

Parallèlement aux opérations menées sur le terrain, les militaires commencent à procéder aux interrogatoires de plus de cent membres d'Al-Qaïda, taliban-afghans et sylmapthisants locaux arrêtés samedi. Parmi les personnes arrêtées, «un certain nombre d'étrangers»(...)«c'est un mélange de locaux, de Tchétchènes, d'Ouzbeks, il peut y avoir des arabes, mais évidemment ils n'ont pas de papier d'identité et il n'y a personne pour les identifier» a déclaré le général Shaukat Sultan.



par Dominique  Raizon

Article publié le 21/03/2004