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Chronique des matières premières

La crise financière fragilise les échanges agricoles

Dominique Baillard 

		(Photo : RFI)
Dominique Baillard
(Photo : RFI)
Ce 16 octobre 2008 est la journée mondiale de l'alimentation. L'occasion de revenir sur la crise alimentaire. Occultée par la crise financière, elle est toujours d'actualité, elle pourrait même être aggravée par la déflagration du système bancaire.

Les pays importateurs de denrées alimentaires, en provenance des Etats-Unis, se sont littéralement jetés sur les garanties de crédit octroyées, la semaine dernière, par le département à l’Agriculture. En quelques jours, plus de la moitié des 3 milliards 500 millions de dollars mis à disposition ont été captés par les Etats bénéficiaires. Souvent critiquées pour le soutien indirect qu’elles procurent à l’agriculture américaine, ces lignes permettent aux pays importateurs d’assurer le financement de leurs achats sur un an. Elles sont ouvertes, chaque année, au début du mois d’octobre. Le Mexique qui s’était débrouillé, en 2008, avec 40 millions de dollars de garanties s’est précipité sur les 100 millions de dollars proposés pour 2009. La demande de la Russie a même dépassé les 400 millions de dollars que lui a alloués, en 2008, le département à l’Agriculture.

Cet empressement illustre bien la course à l’argent déclenchée par la débâcle financière. Pour le moment, la déflagration boursière a surtout entraîné la chute des marchés agricoles. La hausse stupéfiante intervenue, au printemps 2008, sur l’ensemble des marchés de céréales et d’oléagineux a été quasiment effacée. En revanche, le dollar a rebondi, ce qui alourdit d’autant la facture. Mais, ce que redoutent surtout les marchés dans les prochains mois, c’est l’assèchement du crédit. Certains pays en font déjà les frais. L’Uruguay ressent, depuis quelques semaines, le ralentissement de la demande de bœuf, un secteur moteur pour ses exportations. « Il y a aura un effet domino », assure un négociant en riz. « D’ici quelques mois, faire bouger un cargo de l’Asie vers l’Afrique sera beaucoup plus cher et beaucoup plus compliqué, faute de la confiance, et donc du crédit des banques ». Se pose, à plus longue échéance, la question du financement des campagnes pour les producteurs. Les agriculteurs européens ou américains qui ont vu leur revenu doubler, en 2008, ont constitué un petit matelas de sécurité. En revanche, les petits producteurs des pays d'Afrique ou d'Amérique du sud déjà très endettés auront du mal à s’en sortir sans le soutien des pouvoirs publics.


par Dominique  Baillard

[16/10/2008]

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