par Dominique Raizon
Article publié le 29/10/2007 Dernière mise à jour le 29/10/2007 à 12:18 TU
Byblos, Sidon, Tyr, le décor est campé : le visiteur est invité, en premier lieu, à rencontrer la civilisation et l’art phéniciens autour de ces principales cités-Etats, berceau géographique même des Phéniciens -où, « paradoxalement, [ils] demeurent peu connus », souligne Hélène le Meaux, chargée de mission à l’IMA et cheville ouvrière du projet. Puis les séquences se succèdent, chacune illustrée avec des pièces exceptionnelles, pour tenter une esquisse de l’identité de ce peuple énigmatique, dont on sait essentiellement aujourd’hui qu’il était tourné vers la mer.
Intrépides et redoutables marins, habiles armateurs, remarquables agriculteurs et commerçants retors, les Phéniciens ont implanté des comptoirs sur tout le littoral méditerranéen, s’enrichissant de nouveaux matériaux pour satisfaire leur propre travail artisanal. Sur la route vers les métaux précieux d’Andalousie, les Phéniciens se sont installé des points d’appui à Malte, en Sicile, en Sardaigne, aux Baléares, d’abord lieux d’escale puis comptoirs. Mais le but ultime de ces navigations était le Sud de la péninsule ibérique, riche en argent, en cuivre et plomb.
Une expression artisanale métissée
Monnaie, sceaux, tablettes en argile, stèles en pierre, pointes de flèches en bronze, les supports d’écriture sont variés et rappellent que c’est à ces commerçants que l’on doit l’écriture alphabétique. Commerçants mais également artisans raffinés, les Phéniciens ont propagé, dans le même temps, les cultures les ayant inspirés. Pour rendre sensible cette diversité et cette souplesse d’expression, les commissaires ont organisé des séries autour d’une pièce phénicienne et décliné des variations. Variations de teintures d’un même objet, par exemple, aux couleurs des régions et des cultures où elles ont été élaborées, variations autour de techniques, de formes, ou bien encore d’iconographies.
Sceau, scarabée et anneau, Sidon- Mgharet Tabloun, âge du Fer III (V-IVe siècle av. J.-C.)
© Musée National de Beyrouth
Leur art -loin d’être « bâtard »- et leur culture -« parasite »- témoignent en fait d’une ingéniosité d’adaptation aux demandes des commanditaires, habiles à exploiter les nouveaux matériaux, capables de façonner le verre, la faïence, l’ivoire ou les métaux précieux, « tout en restant ouverts aux courants stylistiques en vogue dans les provinces de leur empire », insiste Françoise Briquel Chatonnet.
Un panthéon de divinités
Statuette de divinité féminine hathorique, 1ère moitié du 1er millénaire av. J.-C. (bronze, argent)
© Photo RMN
La suite de l’exposition aborde les échanges que les Phéniciens ont développés et entretenus avec les peuples établis sur l’ensemble du pourtour méditerranéen, du nord comme du sud. Patères en argent, figurines en ivoire, statuettes en bronze et boucles d’oreilles d’inspiration égyptienne, tête de méduse d’origine grecque : l’histoire de l’expansion des Phéniciens est racontée à travers des objets où se reflètent les diverses influences. Une manière de rendre tangible l’originalité et le cosmopolitisme de leur expression, à la fois culturelle et artisanale.
L’art funéraire illustre également ce métissage. D’extraordinaires sarcophages anthropoïdes, des stèles funéraires, des ex-voto en terre cuite, des vases en bronze, des lampes à huile : le mobilier funéraire atteste que les Phéniciens révéraient un grand nombre de divinités, dont les fonctions étaient réparties à l’intérieur d’un panthéon cohérent mais intégrant différentes influences.
Carthage, l’opulente
Ainsi, l’analyse iconographique de l’art phénicien a permis de distinguer plusieurs divinités grâce à leurs attributs et leurs animaux « fétiches ». « Le culte d’Adonis, lié au cycle égyptien d’Osiris, connaîtra un développement jusqu’à Athènes et inspirera plusieurs peintres des temps modernes, de la renaissance au romantisme », expliquent Françoise Briquel Chatonnet et Eric Gubel. De la même manière Tanit, dont le culte jouait un si grand rôle à Carthage était déjà révérée en Phénicie, [et] ses relations avec Astarté [Astarté en Grèce, Ashtart en Phénicie, Ishtar à Babylone] semblent avoir été très étroites », ajoutent-ils.
Le parcours s’achève avec le prolongement occidental de ce courant de civilisation, depuis Carthage et le rayonnement punique, rappelant qu’à la chute de Tyr, Carthage était devenue la ville maîtresse de la rive occidentale de la Méditerranée, jusqu’à ce que Rome s’en empare et la détruise complètement.Pour en savoir plus :
Trois ouvrages :
* Les Phéniciens. Aux origines du Liban (éditions Découvertes/Gallimard), Françoise Briquel Chatonnet, directrice de recherche au CNRS, et Eric Gubel, responsable éditorial du Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique (Brepols, 1992).
* Les Phéniciens (édition L’Univers des formes/Gallimard), de Sabatino Moscati
* La Méditerranée des Phéniciens : de Tyr à carthage, catalogue de l'expositiion (publié chez Somogy, dirigé par Elizabeth Fontan et Hélène le Meaux).
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