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Reconstruction de l'Irak

Des promesses plein la hotte

James Baker, l’émissaire américain sur la dette irakienne, poursuit sa tournée mondiale pour convaincre les Etats créanciers de l’Irak de se montrer magnanimes. Il a obtenu, en Europe et au Japon, des promesses d’annulation de dette, non chiffrées et sous conditions.
L’étape japonaise de l’émissaire américain sur la dette de l'Irak était particulièrement importante car l’Etat nippon est le premier des créanciers publics du régime de Saddam Hussein. Sur une dette extérieure totale évaluée entre 115 et 120 milliards de dollars, l’Irak doit plus de 4 milliards de dollars au Japon, sans compter les intérêts de retard sur les dettes impayées. Le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi s’est engagé à réduire substantiellement la dette de l’Irak, dans le cadre du Club de Paris qui réunit les principaux créanciers publics. Ce geste de bonne volonté est destiné, a précisé le Premier ministre nippon, «à créer les conditions d’un Irak prospère et libre». Il a toutefois assorti sa promesse d’un bémol: que les autres membres du Club de Paris en fassent autant.

Déjà, la semaine dernière, au fil de ses étapes, James Baker avait obtenu de la Russie, de la France et de l’Allemagne l’engagement de restructurer et de réduire sous certaines conditions la dette irakienne accumulée par le régime de Saddam Hussein. Une réunion du Club de Paris, consacrée à la dette irakienne devrait avoir lieu en 2004. Même la Chine, pourtant peu créancière de l’Irak, envisage de réduire ou d'annuler la dette irakienne pour des raisons humanitaires, a promis le Premier ministre, Wen Jiabao, à James Baker.

Le succès de la tournée Baker est donc relatif car, déjà, en avril dernier, alors que les forces de la coalition avaient pénétré dans Bagdad depuis à peine quinze jours, les créanciers publics du Club de Paris s’étaient déclarés prêts à se pencher sur la dette irakienne. A cette époque toutefois le flou régnait encore sur l’évaluation complète du montant de l’endettement irakien à l’égard des membres du Club.
Créé en 1956 ce groupe informel de créanciers publics a pour objet de trouver des solutions coordonnées et durables aux difficultés de paiement des pays endettés: annulations ou rééchelonnement. Le Club de Paris comprend des membres permanents: Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, Etats-Unis, Finlande, France, Irlande, Italie, Japon, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Russie, Suède, Suisse. D’autres pays créanciers non-membres peuvent également participer, au cas par cas, aux négociations de rééchelonnement ou d’aménagement de la dette, en fonction des pays débiteurs concernés.

Etat des lieux

Depuis avril, les membres du Club de Paris ont fait le point et estiment que la dette publique de l’Irak à leur égard représente 21 milliards de dollars. Les intérêts de retard accumulés reviennent à peu près au même montant que les encours en principal. De son côté le Fonds monétaire international s’est efforcé de collecter les données relatives à la dette des créanciers publics non membres du Club de Paris. En juillet dernier le club réaffirmait son intention de restructurer dès que possible la dette irakienne, tout en prenant acte du fait que l’Irak ne serait pas en mesure de reprendre le remboursement de sa dette, même réduite, avant fin 2004.

Selon l’état des lieux, la dette publique irakienne, contractée par le gouvernement et le secteur public, à l’égard de gouvernements ou d’organismes publics étrangers s’élève donc à 21 milliards de dollars en principal, c’est-à-dire sans les intérêts de retard. A ce montant ne figure pas la dette irakienne privée, ou sans garantie publique, contractée auprès d’organismes de crédit privés. Par exemple, la Corée du sud est un petit créancier public de l’Irak, à hauteur de 65 millions de dollars. En revanche la dette irakienne à l’égard des sociétés privées sud-coréennes atteindrait 1,7 milliards de dollars. Les créanciers privés ont également leur structure de réaménagement des dettes, le Club de Londres.

Ainsi, le Japon premier créancier public de l’Irak est suivi de la Russie (3,4 milliards de dollars), de la France (2,9 milliards de dollars), de l’Allemagne (2,4 milliards de dollars), des Etats-Unis (2,1 milliards de dollars).



par Francine  Quentin

Article publié le 29/12/2003