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Chronique armée-défense

«Recamp» : concept-miracle ?

Philippe Leymarie 

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Philippe Leymarie
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Comment repenser le maintien de la paix en Afrique? Comment aider les Africains à le prendre en mains ? C’est le but du système «Recamp», qui organisait des manœuvres militaires cette semaine au Bénin. Le voudrait-on, qu’il serait difficile de dire du mal de ce «Recamp», que nous avons vu en action ces derniers jours au Bénin, un pays  tout à fait calme d’Afrique de l’ouest. D’abord, parce que ce n’est finalement, comme disent les militaires eux-mêmes, qu’un «concept» - un modèle, un laboratoire - qui porte un nom plus ou moins inintelligible : Recamp, c'est-à-dire, Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix.

Rien de mal à dire, car – pour plagier le titre d’un film consacré il y a quelques années aux légionnaires français de Djibouti – c’est plutôt du « beau travail » que d’arriver ainsi à marier, sur un terrain comme le Bénin – mais la même chose avait été faite il y a deux ans en Tanzanie, et avant au Gabon, et encore avant au Sénégal – des militaires de treize armées nationales africaines, sous le patronage de leur organisation politique régionale – dans ce cas, il s’agit de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), qui était demandeuse de cette coopération «à la mode Recamp».

Recamp mêle les participants de pays dits «anglophones», avec les «francophones».Finies donc les histoires de «pré carré», de zones d’influence ! L'objectif répond à un besoin typiquement africain – frontières  contestées, trafics, milices, guerres civiles, catastrophes humanitaires – et non plus à des «histoires de Blancs», si l’on peut dire, comme la protection de ressortissants européens ou de régimes amis, comme cela se faisait lorsque la France - notamment elle, grâce à son réseau de bases et d’accords - se conduisait un peu en «gendarme» d’une partie de l’Afrique.

Et c’est vrai que c’est formidable de voir ainsi mêlées ces troupes régionales africaines et aussi leurs état-majors, d’assister au déploiement logistique – l’équipement à terre, le transport aérien et maritime, les transmissions, les services de santé -  mis en œuvre par la France, grâce à ses dépôts de matériel pré-positionné entretenu par ses soins et aussi par dizaine d’armées européennes. Le tout, en coopération avec les autorités locales, bien sûr, avec les agences et Ong humanitaires sous le regard des «politiques» et des diplomates de tous pays – plutôt intéressés.

Un dispositif qui vise donc à former et équiper – dans chacune des trois grandes sous-régions (Ouest, Centre, Est ) – un bataillon  interafricain de paix, rapidement mobilisable, pré-équipé, rompu à la gestion des flux de réfugiés, aux techniques d’interposition, aux modalités de désarmement. Et cela, grâce, dans chacune de ces régions, à un cycle qui passe par des séminaires de définition de scénarios de crise, des simulations de conduites d’opérations, des exercices de terrain, et des réunions de «retour d’expérience». Le genre de «mécanique» que les militaires, avec leur sens du systématique et de la précision, excellent d'ailleurs à mettre au point.

C’est avec ce genre de «concept» en tout cas que le gouvernement français – quels que soient les graves aléas du moment, comme ces opérations de maintien de la paix qui ont tourné au vinaigre en Côte d’Ivoire – souhaite montrer qu’il «tourne la page», sur le continent africain, en matière de sécurité, loin du schéma néocolonial à l’ancienne.


par Philippe  Leymarie

[12/12/2004]

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