Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Chronique armée-défense

Quand l'Otan regarde vers le Sud

Philippe Leymarie(Photo RFI)
Philippe Leymarie
(Photo RFI)

Les ambassadeurs auprès de l'alliance atlantique, l'OTAN, viennent de participer - pour la première fois dans un pays du Sud, à Rabat (Maroc) - à une réunion avec les représentants des pays méditerranéens.

Toujours en quête d'une vocation et de nouvelles frontières, l'OTAN - déjà fortement engagée dans les Balkans et jusqu'en Afghanistan - regarde également depuis plusieurs années vers le Sud.

Le « dialogue méditerranéen » est même devenu un programme de l'organisation. Lancé il y a plus de dix ans, il n’avait pas dépassé, longtemps, le stade des contacts informels : on butait sur l'interminable abcès  israélo-palestinien, sur les réticences de certains pays à se placer sous l'aile militaire américaine, et - accessoirement - sur l'insoluble conflit du Sahara occidental.

Ces freins n'ont pas disparu, mais les attentats anti-américains de 2001, et leurs « répliques » plus récentes en Europe, ont joué un rôle d'accélérateur. Le dialogue méditerranéen a été relancé il y a deux ans, lors d'un sommet à Istanbul. Une vingtaine de domaines de coopération ont été identifiés : l'unification des  procédures civiles et militaires de contrôle de la circulation aérienne, les normes de transport et stockage des armes et munitions, la contrebande d'armes aux frontières, le partage du renseignement antiterroriste, la gestion de crises, la mutualisation de certains moyens  logistiques, la santé, la météo ou des échanges doctrinaires divers et variés.

En fait, beaucoup de bla-bla, une dose d'échanges confidentiels, mais bien peu de réalisations. A l'exception tout de même de l'opération « Active endeavour » - engagement actif des patrouilles de bâtiments de guerre relevant de l'Otan, en Méditerranée et dans le secteur de Gibraltar - qui ont déjà permis le contrôle d'une centaine de navires, dont par exemple le mois dernier  un cargo chargé d'immigrants clandestins : mais, dans ce cas, on n'est déjà plus dans l'antiterrorisme, même si plusieurs pays du pourtour méditerranéen sont intéressés à un « endiguement » du flot d'immigration africaine qui cherche à passer vers l'Europe.

De longue date, le Maroc - partenaire traditionnel des Etats-Unis et de la France - a été promu allié privilégié de l'OTAN sur le flanc sud. Mais c'est le rapprochement avec l'Algérie qui est le plus spectaculaire, dans le sillage là encore de la coopération, notamment militaire, avec Washington, dont témoignent la participation de l'Algérie aux manœuvres antiterroristes Pan Sahel et à de multiples exercices ou opérations de contrôle avec les navires de l'OTAN en Méditerranée.

Sur un plan plus politique, l'OTAN fait valoir que ce programme du « Dialogue méditerranéen » constitue finalement la seule enceinte de concertation entre pays arabes et Israël. Les dirigeants des Etats maghrébins insistant plutôt sur la « parité » nécessaire dans ces échanges Nord-Sud, car leurs opinions publiques ne sont pas très chaudes pour ce genre de « compromissions ». Et l'organisation transatlantique ayant décidé de son côté de prendre à sa charge la totalité des frais engagés par la participation des pays du Sud à ce laborieux « Dialogue », ça peut aider !



par Philippe  Leymarie

[09/04/2006]

Les précédent(e)s Chronique armée-défense






Euréka

[16/11/2008]





L'Africom

[19/10/2008]




Les derniers éditos et chroniques (texte)

Chronique des matières premières


Chronique des médias


Chronique ACP


Chronique armée-défense