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Clearstream : Lahoud accuse, Sarkozy nie

L'ex-informaticien de EADS Imad Lahoud (à g.) dit avoir rencontré «<i>à deux reprises</i>» Nicolas Sarkozy, le ministre français de l'Intérieur (à dr.). 

		(Photos: AFP)
L'ex-informaticien de EADS Imad Lahoud (à g.) dit avoir rencontré «à deux reprises» Nicolas Sarkozy, le ministre français de l'Intérieur (à dr.).
(Photos: AFP)
Imad Lahoud, l’informaticien soupçonné d’avoir falsifié les listings de la société financière Clearstream, aurait rencontré deux fois Nicolas Sarkozy en 2004. C’est en tout cas ce qu’affirme son avocat, maître Olivier Pardo. Le ministre de l’Intérieur a immédiatement démenti. S’agit-il d’une nouvelle tentative de manipulation ou de véritables révélations ?

Nicolas Sarkozy a-t-il essayé d’utiliser la tentative de manipulation visant à l’accuser de corruption à des fins politiques ? C’est la question qui est posée après les déclarations de maître Pardo, l’avocat d’Imad Lahoud. Pour le moment, rien ne permet de l'affirmer. A en croire le ministre de l’Intérieur qui a riposté immédiatement, il ne s’agit encore une fois que d’affirmations sans fondement. Nicolas Sarkozy a déclaré qu’il n’avait «jamais» rencontré l’ex-informaticien de la société EADS, soupçonné d’être l’auteur de la falsification des fichiers de comptes Clearstream, qui a été mis en examen en juin 2006. Il a même clamé qu’il n’avait pas l’habitude de fréquenter des gens avec un tel «pedigree judiciaire».

Maître Pardo affirme néanmoins que, selon son client, deux rencontres auraient eu lieu, en septembre et décembre 2004. La première aurait été organisée par le directeur adjoint du cabinet de Nicolas Sarkozy, François Pérol. La deuxième par un député à l’initiative du ministre lui-même. Imad Lahoud aurait aussi déclaré avoir été encore sollicité en 2005 par d’autres intermédiaires pour rencontrer Nicolas Sarkozy, mais n’aurait pas donné suite.

Sarkozy savait-il ?

Ces déclarations arrivent à point nommé puisqu’elles abondent dans le sens de la thèse soutenue par un journaliste, Eric Decouty, auteur d’un ouvrage sur l’affaire, intitulé Un Fiasco français, dont la sortie est prévue à la mi-novembre. Il y fait référence à une note du général Philippe Rondot, l’homme chargé par Dominique de Villepin d’enquêter sur les faux fichiers Clearstream, qui évoque une rencontre entre Imad Lahoud et Nicolas Sarkozy en septembre 2004. Le journaliste estime que cela démontre que l’actuel ministre de l’Intérieur aurait été mis au courant de la manipulation dont il était l’une des cibles plus tôt qu’il ne le prétend (2005) et qu'il a essayé de tirer profit politiquement de cette situation en laissant faire.

Cette concomitance entre la publication du livre et les révélations d’Imad Lahoud n’a rien de fortuit. Maître Pardo a en effet expliqué que c’est après avoir eu connaissance du contenu du livre d’Eric Decouty qu’il a posé la question à son client pour savoir ce qu’il en était. Par ailleurs, si Imad Lahoud n’a jamais jusque-là évoqué ses rencontres avec Nicolas Sarkozy dans le cadre de l’instruction, ce serait, à en croire l’avocat, parce que les juges d’Huy et Pons, en charge du dossier, ne l’ont pas interrogé sur ce point. Ils se seraient le plus souvent contentés de lui demander quels avaient été ses contacts avec Dominique de Villepin.

Retour à l’envoyeur ?

Décidément l’affaire Clearstream est pleine de surprises. On attendait des révélations sur le rôle de l’actuel Premier ministre, on en a finalement sur le ministre de l’Intérieur. S’agit-il d’un hasard ou d’un retour à l’envoyeur de Dominique de Villepin à Nicolas Sarkozy, alors qu’il est question de l’audition du Premier ministre par les juges ? Rien ne permet de le dire, mais c’est en tout cas la première fois que la version du président de l’UMP, qui s’est porté partie civile en janvier 2006, est contredite. Jusqu’ici il avait toujours eu le beau rôle : celui de l’homme que l’on a voulu abattre. Et il ne s’était pas gêné pour en profiter, notamment en insistant sur le fait que Dominique de Villepin ne l’avait pas prévenu de la cabale.

par Valérie  Gas

Article publié le 03/11/2006 Dernière mise à jour le 03/11/2006 à 16:58 TU