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Chronique armée-défense

Quête d'identité

Philippe Leymarie 

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Philippe Leymarie
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Il y a quelques semaines, le mensuel Armées d'aujourd'hui  consacrait un dossier à cette « quête de sens » des militaires, en France, passablement secoués ces deux dernières décennies, comme leurs collègues d'autres pays, par les bouleversements géopolitiques - mort de l'Union soviétique, réunification de l'Europe, montée de l'islamisme armé - et par des réformes de fond touchant la défense, à commencer par la professionnalisation totale des armées, la réduction de leur profil, leur féminisation croissante, la disparition de « l'ennemi » traditionnel et la vogue des opérations internationales de maintien de la paix.

« Les distinctions entre les armées sont fortes en apparence », soulignent les auteurs d'une enquête du Centre d'études en sciences sociales de la défense. Les militaires ont souvent choisi leur arme en raison du cadre de travail qu'elle propose et des métiers qui y sont associés : la mer et l'ouverture sur le monde, pour les marins ; la technique attachée aux avions, pour les personnels de l'armée de l'air ; le combat et l'action, pour les terriens ; ou encore le contact avec la population pour les gendarmes.

Mais ces personnels aux métiers, techniques, traditions, cultures et même uniformes spécifiques, partagent aussi nombre de valeurs qui constituent un socle d'identité commune, expliquent ces chercheurs : la même fierté d'appartenir à l'institution, une même vision pour l'essentiel des finalités de la défense (défendre le pays, maintenir la paix, protéger les intérêts français), de ses activités caractéristiques (comme les « opérations extérieures », la lutte contre le terrorisme, la dissuasion), de ses symboles (rituels, grades, décorations, drapeaux, uniformes, équipement), et des « vertus »  qui sous-tendent le fonctionnement de la société militaire (loyauté, discipline, hiérarchie, responsabilité).
Des fondements, au pluriel donc, d'une identité qui, dans et hors du groupe, assure également à ses membres protection et reconnaissance.

Des chercheurs auxquels on a justement demandé quelles étaient les conditions de « l'émergence d'une identité de défense », qui pourraient  dépasser le sentiment d'appartenance du militaire à son arme ou direction d'origine. Il s'agit dans ce dernier cas, notamment, des personnels civils, qui constituent près d'un cinquième des personnels de défense, et qui ont eux aussi des interrogations sur leur « identité ».

Faire émerger, justement, cette identité globale et commune dite « de défense » : c’est une préoccupation des états-majors et des responsables politiques, en ces temps où, pour des raisons techniques et économiques, et même diplomatiques, les évolutions vont dans le sens d'une plus grande « interarmisation » - c'est-à-dire de coopération, d'interaction entre les diverses armes -  voire un jour de leur fusion. Et avec, dans l'immédiat, la fermeture ou la restructuration de nombreuses casernes, bases aériennes et navales, ou établissements de la défense, et la fusion d'organes à vocation commune, notamment dans le domaine du soutien : transport, matériel, maintenance…
Quand ce n'est pas de « l'externalisation », certaines missions éloignées du « coeur de métier » militaire passent aux civils, et de plus en plus souvent au privé.

L'étude du C2SD, qui propose de renforcer ce socle identitaire commun des armées tout en valorisant au maximum la notion de « métier », rappelle que les officiers sont déjà formés dans un cadre le plus souvent interarmées et que les sous-officiers et hommes du rang se mélangent de plus en plus dans les opérations extérieures, devenues un « must » des armées.


par Philippe  Leymarie

[23/12/2007]

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