Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Chronique armée-défense

La Pérouse et la Marine

Philippe Leymarie 

		DR
Philippe Leymarie
DR

Deux cents vingt ans après le naufrage, dans le Pacifique, des deux navires de l’expédition Lapérouse, l’enquête est relancée, avec une nouvelle campagne de fouilles autour de l’île de Vanikoro. Et un soutien sans précédent de l’Etat français, notamment de la Marine nationale.

On était en 1785. Deux cents vingt marins et scientifiques avaient appareillé de Brest pour un voyage planétaire, sur deux « flûtes » - L’Astrobale et la Boussole. Sur les traces du grand navigateur anglais Cook, la France des Lumières se devait d’apporter sa contribution à la découverte du globe, réaliser le rêve du roi Louis XVI, qui était de « raconter le monde ». Mais le monarque voulait aussi - comme le souligne son lointain successeur, l’actuel président Nicolas Sarkozy, qui patronne la nouvelle opération Lapérouse déclenchée cette année - que cette  expédition soit « l’expression du rayonnement de la France dans le monde ».

Et voilà qu’en 1788, après trois années de navigation de la Californie à Macao, de l’Alaska aux Philippines, du Kamtchatka aux Samoas... Après avoir commencé à dresser un formidable inventaire en astronomie, ethnologie, botanique, géographie ou science nautique... Après avoir créé aussi des comptoirs pour le commerce des peaux et espionné les implantations des autres puissances européennes, celle qu’on considérait comme « plus grande expédition de découverte jamais organisée autour du monde » s’abîmait mystérieusement dans les profondeurs du Pacifique Sud - un jour de tempête, il est vrai.

Ces navires appartenaient à ce qu’on appelait à l’époque « La Royale ». Leurs commandants - le capitaine de vaisseau Jean François de Galaup, comte de La Pérouse, et son collègue Fleuriot de Langle - avaient à bord, outre les savants et les marins - des officiers de marine et des contingents de fusiliers.

Deux cents vingt ans plus tard, ce qui est devenu « la Marine nationale » apporte un soutien décisif à ce qui sera peut-être la dernière mission de fouilles sur et autour l’île de Vanikoro, arrachant de nouvelles pièces au corail ou sous les couches de terre : elle met à la disposition des nouveaux explorateurs le Jacques Cartier, un bâtiment de transport de 1500 tonnes, ainsi que le patrouilleur La Glorieuse, avec leurs équipages d’une cinquantaine d’hommes, ainsi que des plongeurs-démineurs de la base de Toulon.

Il est vrai que, pour les marins militaires d’aujourd’hui, les explorations, le « marquage » des terres lointaines, l’héroïsme de ceux qui l’ont payé de leur vie : tout cela reste vif. Tandis que, pour un public plus large, le mystère Lapérouse continue d’exercer une certaine fascination. Tout cela milite pour un soutien de l’Etat français à ces opérations de prestige, en partie financées également par le privé.

La Marine nationale apporte traditionnellement son soutien à certains grands navigateurs, comme ces dernières années Maud Fontenoy, naufragée dans l’Océan indien : pour lui rendre hommage, la marine avait déplacé le porte-hélicoptères-école Jeanne d’Arc. Même soutien à Jean- Louis Etienne, sur l’ilot de Clipperton, par exemple. C’est également pour des raisons de prestige que la Marine accorde une aide technique dans la réalisation de certains films, du moment qu’ils ont un rapport avec l’armée - encore que, depuis peu, le ministère tente de « monnayer » l’accès à ces lieux de tournage, en acceptant du coup d’ouvrir les sites à des productions qui sont parfois sans rapport avec leur activité militaire.


par Philippe  Leymarie

[23/03/2008]

Chronique armée-défense : les précédent(e)s






Euréka

[16/11/2008]





L'Africom

[19/10/2008]




Les derniers éditos et chroniques (texte)

Chronique des matières premières


Chronique des médias


Chronique ACP


Chronique armée-défense


Audio

L'expédition Lapérouse

«On était en 1785, 220 marins et scientifiques avaient appareillé à Brest pour un voyage planétaire, sur deux fûtes : l'astrobale et la boussole, sur les traces du grand navigateur anglais Cook.»

[23/03/2008]