par Dominique Raizon
Article publié le 02/10/2008 Dernière mise à jour le 18/10/2009 à 15:53 TU
Bonaparte et l’Egypte, feu et Lumières … Comme le feu de la mitraille, des canons, de la guerre et de son cortège de violences ; mais aussi comme les Lumières d’une entreprise qui se voulait civilisatrice et facteur de progrès grâce au concours de quelque 160 savants civils scientifiques emmenés oar Bonaparte et choisis parmi l'élite de l'époque.
Débarquement de Bonaparte en Egypte par Charles Lemire, Palais des beaux-arts de Lille.
© René-Gabriel Ojéda
Au gré de documents extrêmement variés tels que tableaux, récits de
voyageurs, planches aquarellées, vestiges antiques, mobilier égyptien et mobilier européen style Napoléon-retour d’Egypte etc, les commissaires de l’exposition ont choisi d’embrasser un siècle de représentation de l’Egypte. « En couvrant 100 ans de relations franco-égyptiennes, souligne la commissaire de l’exposition, Aurélie Clémente-Ruiz, l’exposition ne souhaitait pas se consacrer uniquement à l’expédition de Bonaparte en Egypte mais tenait à inscrire celle-ci dans un contexte beaucoup plus général ».
Commissaire de l'exposition
« Nous présentons un siècle de relations franco-égyptiennes. »
En entrant dans l’exposition, le visiteur découvre la vision fantasmée et idyllique de l’Egypte qu’en avaient les Français de l’époque avant leur rencontre avec cette terre lointaine ; puis, s’en suit une illustration de la réalité rencontrée en Egypte : des pièces de mobilier et des œuvres locales replacent l’Egypte musulmane dans le contexte historique de la fin du XVIIIème siècle.
L’expédition d’Egypte concrétise un tournant qui va s'opérer tant dans le regard des scientifiques que dans celui du grand public. Le travail effectué par les savants qui ont accompagné Napoléon Bonaparte va nourrir tout le XIXème siècle et, pour l’illustrer, les commissaires de l’exposition ont ouvert les cahiers de Geoffroy Saint-Hilaire au Muséum d’Histoire naturelle de Paris… Des planches gravées et aquarellées, magnifiques, qui représentent des poissons de la mer Rouge, des herbiers etc, sont pour certaines offertes pour la première fois aux yeux du public.
« Certaines oeuvres en provenance des réserves de musées égyptiens sont présentées au public pour la première fois. »
Les quelque soixante-huit années qui suivent le retour des Français seront marquées par plusieurs phénomènes. Si le rêve oriental de Bonaparte n’est pas couronné de succès militaire, le mythe qui se formera en revanche autour de la campagne d'Egypte nourrira quant à lui les artistes durant tout le XIXème siècle. Ce sera le point de départ d'un mouvement orientaliste, à la fois scientifique et artistique.
Gérôme et Fromentin, par exemple, s’inspirent directement de l’ouvrage de Denon, Voyage dans la Basse et Haute-Egypte et de la Description de l’Egypte. Les récits des uns aiguisera la curiosité des autres et certains artistes iront, à leur tour, à la rencontre de ce pays.
Portrait de Méhémet Ali, vice roi d’Egypte par Auguste Couder, 1841. Musée national du Château de Versailles.
© RMN - Gérard Blot
L’exposition se termine par l’évocation de Méhémet Ali (1769-1849) et de son oeuvre; Méhémet Ali, « qui rappelait à loisir être né dans le même pays qu’Alexandre et la même année que Napoléon » et qui aimait à se présenter comme « le continuateur musulman de l’œuvre de Bonaparte ».
Une dizaine d'années après son accession au pouvoir en 1805, Méhémet Ali fera appel à des Français -médecins, architectes, ingénieurs militaires etc- pour engager son pays dans la voie de la modernité. Son oeuvre de modernisation et sa politique d'indépendance, souligne Aurélie Clémente-Ruiz, permettront à l’Egypte de participer, en 1867, à l’exposition universelle en tant que nation quasi souveraine, et de s’affirmer aux yeux du monde, notamment, avec l’inauguration du canal de Suez, effectuée en 1869.
« Quelques Français sont allés aider l'Egypte à se dévoiler aux yeux du monde. »
Rappel du contexte historique de l’expédition |
Après une victoire rapide et inattendue de Bonaparte en Italie, l’Angleterre reste le principal adversaire de la France et le général français entend lui damer le pion sur la route vers les richesses orientales. Deux stratégies sont alors possibles : soit tenter une invasion, soit intervenir sur ses liaisons avec l’Inde. La conquête de Bonaparte des îles Ioniennes, en août 1797, ouvre le chemin de l’Orient et réanime l’idée de conquête de l’Egypte et d’ouvrir l’isthme de suez, afin de maîtriser un chemin commercial plus court vers les richesses indiennes.
Entre la décision du Directoire du 5 mars 1798 et le 19 mai 1798, date du départ de la flotte, du port de Toulon, Bonaparte a levé, avec ses officiers, une armée de 36 000 soldats et 2 500 officiers. Cinq cents bateaux de guerre et 300 de transport d’hommes, d’armes et de chevaux. |
Pour en savoir plus :
Lire L’Egypte, une aventure savante, d’Yves Laissus (éd.Fayard)
Jomard, id.
L'expédition d'Egypte, le rêve oriental de Bonaparte, de Laure Murat et Nicolas Weill (éd. Découvertes de Gallimard)
Le catalogue de l'exposition
Consulter le site de l'IMA
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