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Fièvre aphteuse

Jean Glavany veut «<i>tracer</i>» tous les moutons

Après la découverte ce week-end d'un deuxième cas de fièvre aphteuse sur le territoire français, Jean Glavany confirme la stratégie actuelle d'isolement et d'abattage des troupeaux sans vaccination et insiste sur la nécessité de faire respecter en Europe les mesures qui permettent la traçabilité des ovins.
Jean Glavany met en cause la trop grande souplesse du commerce des ovins en Europe. Et notamment l'absence de contrôle strict du respect de la directive européenne 92102 qui définit des règles précises en matière d'identification et de traçabilité des animaux vivants. Car après la gestion de la crise, il faudra bien «en tirer les leçons». Et Jean Glavany «se réserve le droit de refuser l'importation d'animaux européens» si toutes les garanties concernant leur provenance ne sont pas fournies. «Nos amis européens nous inondent d'ovins sans aucune traçabilité, c'est la première des fraudes.» Les ventes sauvages d'ovins, «sur les parkings, au noir», l'absence de désinfection des camions, «certaines pratiques un peu limite qui passent incognito en temps normal» laissent aussi la porte ouverte à des «défaillances sanitaires» en cas de crise comme celle qui frappe l'Europe actuellement.

Le ministre semble donc, aujourd'hui, vouloir plus insister sur les défaillances d'un système que sur une fraude volontaire dont l'éleveur de la Baroche-Gondoin, en Mayenne, site du premier foyer de fièvre aphteuse déclaré en France, se serait rendu coupable. Il a ainsi insisté sur le fait qu'il n'avait pas «cité une personne en particulier comme la cause de tous les maux». Dans un premier temps, il avait, pourtant, été envisagé que l'expansion de l'épizootie à une deuxième exploitation, à Mitry-Mory en Seine et Marne, soit due à une dissimulation volontaire d'animaux contaminés.

Si le négociant de Mayenne a été mis hors de cause par le Procureur de la République de Laval, il semble malgré tout aujourd'hui incontestable que l'apparition de ce deuxième foyer français a un lien direct avec le premier. Ce sont, en effet, des ovins irlandais ayant transité par la Mayenne qui sont à l'origine de cette contamination qui a pu avoir lieu soit sur le territoire irlandais où les premiers cas ont été détectés vendredi, soit lors du transport dans un camion qui n'avait pas été désinfecté. Ces moutons ont été acheminés vers trois destinations à partir de la Baroche-Gondoin. Certains ont été vendus dans la région parisienne pour les sacrifices de la fête religieuse musulmane de l'Aïd el Kebir, le deuxième groupe est allé vers un autre site de Mayenne où les animaux ont été détectés «séropositifs» et abattus, et les derniers ont été envoyés en Seine et Marne où le veau contaminé a été identifié.

Mieux vaut abattre que vacciner

La première conséquence de l'apparition de ce nouveau cas de fièvre aphteuse en France est de reculer la levée de l'embargo sur le bétail vivant d'origine hexagonale d'au moins trois semaines. Une mauvaise nouvelle pour les éleveurs. Mais Jean Glavany veut rester serein car, selon lui, avec seulement deux foyers identifiés, la France est très loin de la situation du Royaume-Uni où l'on dénombre quelque six cents foyers. «Nous nous en serions bien passé mais ce n'est que le deuxième foyer... Cela reste dans le cadre d'une maîtrise que nous voudrions vous confirmer».

En tout cas, cela ne remet absolument pas en cause la stratégie de l'isolement des foyers et de l'abattage des troupeaux suspects pour endiguer la contagion. Même si l'opinion publique est choquée par les images de carcasses incinérés et les éleveurs traumatisés par la perte de leurs troupeaux, Jean Glavany estime qu'il vaut mieux abattre des animaux plutôt que de recourir au vaccin et ainsi de renoncer à exporter le bétail pendant au moins deux ans. «L'exportation est une source de richesse pour la France. Cela dégage des milliards... Sur le plan économique, je veux tout faire pour éviter la vaccination par une méthode d'abattage ciblé et préventif... Mais est-il nécessaire de montrer ces images à la télévision?» Selon le ministre, trois foyers de fièvre aphteuse ont été maîtrisés depuis que l'Europe a décidé d'arrêter la vaccination, en 1991, deux en Italie et un Grèce, sans avoir besoin de recourir à la vaccination. Un exemple à suivre pour ne pas priver les éleveurs français de leurs débouchés internationaux et accentuer la crise d'une filière qui n'a pas été épargné ces derniers temps.



par Valérie  Gas

Article publié le 26/03/2001