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Chronique armée-défense

L'armée allemande dans la Corne de l'Afrique

Philippe Leymarie 

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Philippe Leymarie
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L'Allemagne prend, ces jours-ci, le commandement d'une force navale au large des côtes est-africaines et aux abords de la mer Rouge. Un signe de plus de la capacité de l'armée allemande à opérer loin de son pays. Il s'agit d'exercer pendant six mois le commandement donc d'une force multinationale, qui est chargée de rendre aussi étanche que possible l'accès aux côtes de la Somalie, dans l'extrême Corne à l'est de l'Afrique - une région fragile, puisque privée d'Etat central.

Les Allemands font valoir qu'ils prennent cette responsabilité «à la demande des Etats-Unis». Et après avoir refusé une première proposition, qui était d'assurer la direction de la Force internationale d'assistance à la sécurité ( l'ISAF) déployée à terre, en Afghanistan. C'est finalement à la Turquie que revient cette responsabilité, où elle succède aux Britanniques.

Déjà, la marine allemande, la «Kriegsmarine», déploie dans la région - dans le cadre de l'opération «Liberté immuable» lancée par les Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre, d'une force conséquente, qui constitue le premier déploiement naval de cette importance hors des frontières de l'OTAN et qui plus est dans les mers chaudes, avec la mobilisation de 1 275 hommes, de trois frégates, cinq vedettes lance-torpilles, trois avions de patrouille maritime, cinq navires de commandement et soutien.

Outre les équipages de ces bâtiments, il y a sur place des unités de «Marines», des parachutistes, des secouristes, et du personnel, ainsi qu'une base logistique installée à Djibouti depuis déjà plusieurs mois - ce qui est, là aussi, une première, puisque cet Etat frontalier à la fois de la Somalie et de l'Ethiopie, n'avait longtemps hébergé des militaires français.

Cette surveillance du trafic, notamment pour empêcher une éventuelle infiltration de rescapés des réseaux Al Qaida d'Oussama Ben Laden, repose essentiellement sur les frégates. Raison pour laquelle les vedettes lance-torpilles allemandes, qui ne sont d'ailleurs pas conçues pour ces latitudes étouffantes, vont être rapatriées à la mi-mai vers leur base de la mer du Nord. Elles avaient d'ailleurs faire le voyage aller à sec, sur des bâtiments de transport.

L'expérience a montré qu'il fallait d'ailleurs sans cesse «bricoler» ces matériels conçus dans un autre but. Sur le plan humain, les relations n'ont pas été faciles dans un premier temps, entre les Allemands, qui «réapprenaient ainsi l'Afrique», et les Djboutiens, plus habitués à leur «dialogue» à l'ancienne avec les Français.

Sur un plan plus général, la Bundeswehr - qui ne manque pas d'ambition, et déploie également des unités sous les couleurs internationales à Kaboul et Kandahar, en Ouzbekistan, en Bosnie, au Kosovo ou en Macédoine - n'en a pas toujours les moyens : sa marine est la moitié par exemple de celle de la France ; pour alimenter les unités en Afghanistan, il a fallu alléger les effectifs en ex-Yougoslavie .

En outre, cette armée est fortement dépendante, pour des raisons historiques, du parrain américain, et tellement intégrée à l'OTAN, par exemple, qu'elle ne possède pas d'état-major en propre. Il y a donc nécessité, pour que la Bundeswehr redevienne une armée tout à fait comme les autres, et plus au service de l'Europe, de reconstituer un commandement réellement autonome.

par Philippe  Leymarie

[04/05/2002]

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