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Chronique armée-défense

La découverte d'armes de destruction massive en Irak: mission impossible ?

Philippe Leymarie 

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Philippe Leymarie
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La recherche d'armes de destruction massive en Irak est-elle une «mission impossible» ? En tout cas, c'est une ardente obligation, puisque c'est une des principales justifications invoquées par l'administration Bush pour avoir porté la guerre en Irak, et renversé le régime de Saddam Hussein. Et il faut faire vite: les fameuses «preuves» n'avaient pu être montrées avant. Hans Blix, le chef des inspecteurs de l'ONU, évincé justement de son terrain d'investigation par l'offensive militaire décidée par le président Bush, vient d'affirmer, devant le conseil de sécurité à nouveau réuni ces derniers jours, que les services américains avaient commencé à «trafiquer» des documents, pour tenter de produire au moins quelque chose devant les gouvernants et les media.

Depuis, un mois de guerre s'est écoulé. Les unités de marines et de GIs déployées pour l'offensive avaient été dotées de matériel de protection chimique ou biologique, ou même nucléaire, mais ces armes, si elles existent, n'ont pas été employées par le régime de Saddam Hussein. Des équipes spécialisées d'enquête avaient été constituées, en marge des unités, avec des laboratoires mobiles, que les soldats devaient alerter s’ils repéraient les sites ou stocks suspects, mais rien de significatif n'a été trouvé -en tout cas à la date du jeudi 24 avril. Juste des blindés, des avions, des missiles, des munitions classiques. On explique que l'Irak est aussi vaste que la France, qu'il y a des milliers de sites à inventorier, que c'est un puzzle à reconstituer, qu'il y a certainement quelque chose par exemple dans le sud, mais que c'est bien caché...

En tout cas, le gouvernement américain -qui a bénéficié de la reddition du conseiller scientifique de Saddam Hussein, et de la capture d'un ancien responsable du programme nucléaire irakien- a décidé de passer à la vitesse supérieure: «Trouvez-moi quelque chose», exige-t-on au Département d’Etat. Et cela devient aussi une question d'honneur pour le Pentagone, à qui tout le monde réclame régulièrement la production des fameuses preuves. Ainsi, des primes sont offertes pour toute découverte d'armes de destruction massive, avec autorisation de paiement cash; et une brigade entière -3000 hommes- a été affectée exclusivement à la recherche de ces armes, et à l'escorte de plus d'un millier d'experts civils et militaires qui sont envoyés sur place pour quadriller le pays.

Cette task force d'enquête ne sera pleinement opérationnelle que dans une bonne semaine. Elle devra reprendre tout à zéro, et labourer le pays. Et le faire dans des conditions de professionnalisme qui soulèvent le moins de contestations possibles, à défaut de pouvoir se prétendre pleinement indépendante. Gageons que ces équipes finiront par trouver quelque chose.
En outre, la démarche souffre d'ambiguïtés diverses: où commencent par exemple les armes de destruction massive ? Et comment se fait-il -pour n'évoquer que la région moyen-orientale- que les armements chimiques égyptiens n'aient jamais fait l'objet d'investigation, pas plus que les moyens chimiques, biologiques et nucléaires d'Israël.

par Philippe  Leymarie

[27/04/2003]

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