Chronique Asie
Alors que la réélection de Megawati Sukarnoputri semblait assurée, les résultats des législatives indonésiennes du 5 avril ont relancé le suspens du scrutin présidentiel. Outre la sortante, deux autres candidats paraissent désormais en mesure de l’emporter : le général Wiranto, candidat du Golkar et Susilo Bambang Yudhoyono que les sondages donnent pour l’instant gagnant. Tous deux sont issus des rangs de l’armée et ont servi, à des postes élevés, l’ancien régime de Suharto.
L’attrait de l’uniforme a certainement beaucoup à voir avec la crise du leadership souvent évoquée en Indonésie ces derniers mois et la désillusion croissante à l’égard du personnel politique civil. Les principaux partis politiques comptent désormais un certain nombre d’officiers à la retraite sur leurs listes, tant au niveau national que régional. Le phénomène, loin de se cantonner aux seuls partis nationalistes et séculiers, touche également les partis islamistes.
La plus grande surprise de la campagne électorale qui vient de s’achever est la soudaine et étonnante popularité de l’ancien ministre de la Sécurité de Megawati Sukarnoputri, Susilo Bambang Yudhoyono. Son Parti démocrate, qui participait à sa première élection en avril, a obtenu plus de 7% des suffrages. Une percée électorale qui permet à cet ancien général de consolider son statut d’homme d’Etat. Yudhoyono est crédité pour son intégrité et fermeté contre le terrorisme, mais on ne sait pas encore si sa popularité dépasse les centres urbains. A Jakarta, son image est celle d’un homme « propre », une valeur rare dans une Indonésie gangrenée par la corruption. En outre, Yudhoyono a promis que son élection ne serait pas le signe d’un retour à l’ « autoritarisme » des années Suharto et de la domination des militaires sur la vie politique. Un dernier sondage de l’Institut IFES lui donnait 44% des intentions de vote, loin devant les quatre autres candidats.
Il est vrai que, pour les électeurs des grands centres urbains, sa candidature a deux mérites : d’une part, elle représente une rupture par rapport à un passé trop marqué par l’Ordre nouveau de Suharto. Et, d’autre part, l’ intégrité du candidat est une garantie contre la corruption, dont l’extension n’a jamais été contenue, par aucun gouvernement indonésien.
Enfin, Yudhoyono a réussi à avoir le soutien de la puissante organisation musulmane Nahdlatul Ulama, forte de 40 millions d’adhérents. Le 5 juin ce sera l’heure de vérité pour ce candidat atypique, qui pourra bien devenir alors le premier président de l’Indonésie élu grâce au suffrage universel.
par Any Bourrier
[02/07/2004]
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