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Chronique Asie

Indonésie : la démocratie et l’Islam

Any Bourrier 

		(Photo: RFI)
Any Bourrier
(Photo: RFI)
Les élections législatives indonésiennes du 5 avril dernier ont marqué un progrès important pour la démocratie dans l’Archipel. L’élection présidentielle qui se tient aujourd’hui doit elle aussi faire progresser l’état de droit dans le plus grand pays musulman du monde. En avril, les électeurs ont manifesté clairement leur volonté de poursuivre sur la voie de la «Reformasi», le mouvement qui avait conduit à la chute de la dictature de Suharto en 1998. Ces électeurs ont refusé il y a deux mois de rendre le pouvoir aux héritiers d’un Ordre Nouveau dont la mise en coupe réglée de l’économie nationale pendant 32 ans a handicapé le pays pour plusieurs générations. En effet, le score du Golkar, un rassemblement hétéroclite des nostalgiques de l’ère Suharto, a régressé par rapport aux élections de 1999.

Mais les indonésiens ont envoyé un autre signal  fort de leur volonté de refuser toute sorte d’autoritarisme : les partis musulmans, même les plus modérés, ont eux aussi subi une baisse électorale significative : 25,7 % des suffrages en avril de cette année contre 31,8% en 1999. Par ailleurs, les deux candidats à la présidence connus pour leurs  liens étroits avec ces partis, c’est à dire, Amien Rais et Hamzah Haz, ont peu de chances d’être élus. En effet, les sondages donnaient 13% des intentions de vote au candidat du Parti du Mandat National et 2,5 % à Hamzah Haz du Parti pour le Développement.

Cette baisse explique sans doute le peu d’empressement des partis musulmans à s’engager dans l’élection présidentielle de ce lundi. Même le Parti de la Justice et de la Prospérité, le PKS,  qui a  dépassé les 7% au niveau national et a raflé tous les mandats législatifs à Jakarta, a mis de l’eau dans son vin. Cet ancien groupuscule transformé en parti en 1999, a opté pour une tactique habile qui consiste à se mettre en marge du  processus électoral pour pouvoir, dans l’avenir, être un recours en cas de crise. Avançant voilé sur la question de la Charia, le PKS a mis la sourdine sur ses revendications religieuses les plus radicales au profit d’un discours anti-corruption crédible, qui fait mouche dans les immenses bidonvilles qui entourent la capitale indonésienne. Très bien implanté dans les universités et les organisations socioprofessionnelles, ce parti entend maintenant capitaliser sur ce résultat pour étendre son influence au delà des grands centres urbains. Organisé sur le modèle du Parti islamiste turc, le PKS est assurément un mouvement qui comptera dans les années à venir.


par Any  Bourrier

[05/07/2004]

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