Chronique Asie
Mais les indonésiens ont envoyé un autre signal fort de leur volonté de refuser toute sorte d’autoritarisme : les partis musulmans, même les plus modérés, ont eux aussi subi une baisse électorale significative : 25,7 % des suffrages en avril de cette année contre 31,8% en 1999. Par ailleurs, les deux candidats à la présidence connus pour leurs liens étroits avec ces partis, c’est à dire, Amien Rais et Hamzah Haz, ont peu de chances d’être élus. En effet, les sondages donnaient 13% des intentions de vote au candidat du Parti du Mandat National et 2,5 % à Hamzah Haz du Parti pour le Développement.
Cette baisse explique sans doute le peu d’empressement des partis musulmans à s’engager dans l’élection présidentielle de ce lundi. Même le Parti de la Justice et de la Prospérité, le PKS, qui a dépassé les 7% au niveau national et a raflé tous les mandats législatifs à Jakarta, a mis de l’eau dans son vin. Cet ancien groupuscule transformé en parti en 1999, a opté pour une tactique habile qui consiste à se mettre en marge du processus électoral pour pouvoir, dans l’avenir, être un recours en cas de crise. Avançant voilé sur la question de la Charia, le PKS a mis la sourdine sur ses revendications religieuses les plus radicales au profit d’un discours anti-corruption crédible, qui fait mouche dans les immenses bidonvilles qui entourent la capitale indonésienne. Très bien implanté dans les universités et les organisations socioprofessionnelles, ce parti entend maintenant capitaliser sur ce résultat pour étendre son influence au delà des grands centres urbains. Organisé sur le modèle du Parti islamiste turc, le PKS est assurément un mouvement qui comptera dans les années à venir.
par Any Bourrier
[05/07/2004]
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