Chronique Asie
Thaksin Shinawatra bénéficiait d’une immense popularité. Sa politique économique «populiste», sa guerre contre la drogue, son ambition de devenir le leader de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est étaient largement soutenues par la population. Ce Premier ministre atypique, riche homme d’affaires, a su renforcer son emprise sur le gouvernement et l’armée en nommant des proches. Il s’est employé également à contrôler les médias et à neutraliser l’action des organisations non gouvernementales.
Parallèlement, il a mis en œuvre un ambitieux programme de réformes et de lutte contre les fléaux sociaux de la Thaïlande qui sont la pauvreté, le trafic de drogue et les mafias. Sur la scène internationale, Thaksin a lancé une série d’initiatives comme «la stratégie de coopération économique» ou le «Forum sur la réconciliation nationale en Birmanie».
Mais la chance semble vouloir abandonner ce Premier ministre charismatique et ambitieux. Dans le Sud du pays, l’insécurité est aujourd’hui totale. Ses principales victimes sont les membres des forces de l’ordre, des chefs de village, des moines bouddhistes et des paysans. Depuis janvier, les violences y ont fait au moins 200 morts.
Sa guerre anti-drogue est sur la sellette : selon l’association internationale des droits de l’Homme, elle aurait sérieusement entravé les efforts de la lutte anti-sida en poussant de nombreux drogués à se cacher. Le gouvernement thaïlandais avait déjà essuyé de violentes critiques de l’étranger à l’issue de cette campagne menée au début 2003 contre les trafiquants de drogue. Les Nations unies, par exemple, avaient condamné les exécutions extra-judiciaires et les arrestations arbitraires de trafiquants.
Thaksin Shinawatra doit faire face maintenant à d’autres difficultés. L’action du gouvernement est fortement contestée à l’intérieur du pays en raison de l’absence de dialogue avec la minorité musulmane, qui forme environ 6% de la population. Quant à la politique extérieure, les détracteurs du Premier ministre soulignent les dérives de la lutte anti-terroriste, trop dépendante des décisions américaines et, surtout, l’échec de son approche conciliante face à la Birmanie. La Thaïlande avait pris la tête d’une offensive diplomatique pour obliger la junte birmane à mettre en œuvre une transition démocratique. Mais les généraux n’ont fait qu’à leur tête. On est loin, bien loin d’une ouverture politique à Rangoun.
par Any Bourrier
[09/07/2004]
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