Chronique Asie
L’Indonésie a vécu un moment historique en choisissant pour la première fois son président au suffrage direct. Ce pays ne s’était engagé sur la voie de la démocratie qu’en 1998 et son système politique paraissait fragile. Les observateurs s’attendaient au pire mais finalement le premier tour de l'élection présidentielle s’est déroulé le 5 juillet dans le calme. L’ancien général Susilo Bambang Yudhoyono est arrivé en tête et, à la surprise générale, la présidente sortante Megawati Sukarnoputri, qui était donnée battue, est restée en lice.
Ce résultat prouve que les électeurs ont fait un choix clair, en exprimant leurs préférences pour les candidats des partis laïques. Il révèle également leur volonté de changement, de même qu’une aspiration à la fermeté. En effet, le général Yudhoyono s’est fait remarquer à la tête du ministère de la sécurité pour son action ferme dans la lutte contre le terrorisme. Il est également le partisan d’une restauration des valeurs morales, notamment en ce qui concerne la lutte contre la corruption.
Les partis politiques indonésiens ont maintenant trois mois pour se mobiliser. Et, pour ceux qui ne sont plus dans la course, c’est l’heure de monnayer leurs soutiens. A Jakarta, les spéculations vont bon train sur les reports de voix qui pourraient s’effectuer lors du second tour.
Une nouvelle phase de la campagne électorale va donc démarrer la semaine prochaine. Elle s’annonce particulièrement complexe pour les deux candidats. Face à Megawati et à sa machine politique regonflée, le général Yudhoyono aura fort à faire pour conserver l’élan qui l’a porté à la conquête de l’électorat, surtout si le général Wiranto parvenait à conclure un accord tacite avec Megawati pour le report des voix du Golkar sur sa candidature. Une alliance contre nature, certes, mais qui permettrait à ce parti d’appartenir à la future majorité présidentielle au parlement et ainsi obtenir des porte-feuilles dans le prochain gouvernement.
Mais la candidature de Susilo Bambang Yudhoyono a un immense avantage : elle est portée par la formidable volonté de changement des indonésiens. Pour eux, Megawati Sukarnoputri appartient à l’élite corrompue qui a gouverné pendant 50 ans et n’a pas fait ses preuves, tandis que l’ancien général est perçu comme un homme neuf, intègre et capable de mener à bien les réformes dont le pays a aujourd’hui énormément besoin.
par Any Bourrier
[13/07/2004]
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