Chronique Asie
La Chine ne lésine par sur les moyens lorsqu’il s’agit de discréditer le mouvement démocratique de Hong Kong. Depuis un an, les partisans de la démocratie se plaignent de la multiplication des menaces, des actes de vandalisme, des incendies et des agressions. Lors d’un voyage à Shanghai, un candidat du Parti démocrate, accusé d’avoir fréquenté des prostitués, a été arrêté et condamné à six mois de détention. Un coup monté, a assuré son épouse. Des excréments humains ont été répandus dans les bureaux de l’avocate Emily Lau, l’une des figures de proue de la contestation. A cela s’ajoutent les démissions successives de trois animateurs d’émissions de radio, suite à leurs critiques contre le gouverneur du territoire, totalement acquis à Pékin.
Les manœuvres chinoises se sont intensifiées lorsque Pékin a compris qu’il fallait donner un coup de frein aux libertés dans l’ ancienne colonie britannique, rétrocédée à la Chine en 1997. En 2003, une première tentative de modifier la Constitution de Hong Kong avait provoqué la colère de la population et avait donné lieu à de grandes manifestations dans les rues du territoire. En avril dernier, le comité permanent de l’Assemblée Nationale Populaire, réuni en conclave à Pékin, a conclu que la situation n‘était pas mûre pour que Hong Kong élise au suffrage universel direct le chef de l’exécutif en 2007 ni l’intégralité du Conseil législatif en 2008, comme il est prévu dans la Constitution. Pour les Hongkongais, cette décision a été un véritable choc. C’était la première fois, depuis la rétrocession, qu’ils faisaient l’expérience d’un tel interventionnisme politique de la part de Pékin.
Pour les dirigeants chinois, la relative liberté dont jouissent les 6 millions d’habitants de Hong Kong est un danger : elle pourrait inspirer les Chinois eux-mêmes, toujours privés des libertés fondamentales, malgré l’ouverture économique du pays. Pour Pékin, Hong Kong est aujourd’hui un mauvais exemple, un repaire de dissidents, de contre-révolutionnaires et d’ « éléments anti-patriotiques » qu’il faut nettoyer.
A l’approche des élections législatives du 12 septembre, où 30 des 60 sièges du Conseil Législatif vont être renouvelés, le pouvoir central peut pavoiser. Les attaques en dessous de la ceinture contre les partisans de la démocratie ont porté leurs fruits. Les rumeurs peu ragoûtantes sur la vie privée des opposants ont eu un fort impact sur les électeurs indécis et les candidats du Parti démocrate pourraient en faire les frais. Vu de Chine, la stratégie a été payante. Vu de Hong Kong, c’est sa jeune démocratie qui en a pris un coup.
par Any Bourrier
[09/09/2004]
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