Hong-Kong : pas de majorité pour les démocrates

Any Bourrier
(Photo: RFI)

Les élections législatives de Hong-Kong se sont soldées par une légère progression du camp démocrate. Dans le Conseil législatif sortant, l’opposition comptait 22 élus contre 34 au camp pro-chinois qui a la majorité des 30 sièges réservés aux organisations professionnelles. Les candidats démocrates devraient obtenir quelques sièges supplémentaires. Mais ce sera une courte progression, nuancée par le bon résultat des partis pro-chinois, bien meilleur que lors des législatives de 2000. Ce n’est pas une défaite mais ce n’est pas le raz de marée tant attendu par l’opposition.

Ce résultat mitigé est la conséquence des manoeuvres d’intimidation faites par Pékin afin d’empêcher le camp démocrate d’obtenir la majorité au Conseil législatif. Car les candidats de l’opposition  sont à la tête d’un mouvement pour obtenir des réformes politiques qui a mobilisé toute la société de Hong-Kong. Ils souhaitent l’extension du suffrage universel pour élire librement le prochain chef de l’exécutif en 2007 et la totalité du Conseil législatif en 2008. Mais Pékin refuse de leur accorder le droit de choisir leurs représentants par le vote direct, considérant que cette revendication est « anti-patriotique ».

La résistance démocratique de la société de Hong-Kong a convaincu  le gouvernement chinois qu’il fallait inverser la tendance. Il a donc décidé de flatter la fibre nationaliste des sept millions d’habitants de cette région administrative spéciale : une tournée triomphale du premier spationaute chinois et des défilés militaires y ont été organisées récemment. Ensuite, une campagne de menaces et de dénigrement contre les candidats de l’opposition a été déclenchée dans les semaines qui ont précédé le scrutin. L’ingérence de Pékin dans les affaires du territoire s’est exercée de deux manières : directement, par la maîtrise de l’agenda des réformes, et indirectement, par un soutien financier énorme aux partis politiques qui sont favorables à la Chine, ainsi que par un contrôle très ferme des médias.

Les pressions de la Chine et les réactions de la population hongkongaise formant un cercle vicieux, source permanente de crises, le bras de fer risque donc de se poursuivre. Mais il semble que si la garantie des libertés fondamentales n’a jamais été aussi fragile, jamais les citoyens de Hong-Kong n’en ont été aussi conscients et capables de mobilisation. Le taux de participation record de 53% lors de ces législatives en est la preuve.

par Any  Bourrier

[13/09/2004]