Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Chronique Asie

Les défis du nouveau président indonésien

Any Bourrier 

		(Photo: RFI)
Any Bourrier
(Photo: RFI)

La victoire de  Susilo Bambang Yudhoyono est éclatante. Le scrutin le plus complexe jamais organisé dans un pays en voie de développement s’est déroulé dans le calme et sans violence. Quant à la fraude, qu’on redoutait massive, elle s’est finalement révélée marginale. 

En élisant ce général à la retraite, les Indonésiens ont confirmé la Reformasi, le mouvement de réformes qui avait conduit à la chute de la dictature de Suharto en 1998. Reste maintenant à consolider les acquis démocratiques et renforcer la cohésion nationale tout en maintenant l’unité territoriale de cet archipel multiethnique, unifié il y a seulement un demi-siècle sur les décombres de la colonisation hollandaise.

Mais un nouvel élan sera nécessaire pour renouer avec le dynamisme réformateur. L’émergence progressive d’une société civile, l’apparition d’une culture parlementaire autonome, le risque croissant qui découle de la corruption devraient y inciter le nouveau président. Et l’indéniable embellie économique actuelle devraient l’aider à réussir.

Parmi les défis  qui attendent Susilo Bambang Yudhoyono, le plus complexe est la poursuite de la lutte contre le terrorisme. Après les attentats de Bali de 2002, l’Indonésie s’est dotée dans l’urgence d’un appareil législatif adapté. Ses dirigeants ont acquis les bons réflexes sans toutefois céder à l’obsession sécuritaire ni remettre en cause les droits fondamentaux de la personne. Mais le récent attentat à la voiture piégée contre l’ambassade australienne à Jakarta a provoqué un grand traumatisme. La population attend du nouveau président qu’il soit capable de restaurer l’ordre.

Le deuxième défi est la lutte contre la pauvreté. Plus de la moitié des Indonésiens vivent à peine au-dessus du seuil de pauvreté et le PIB par tête reste très inférieur à celui d’avant la crise financière de 1997. Surtout, l’archipel passe par une grave crise dans les secteurs de l’énergie électrique, de la santé et de l’éducation.

Une autre question essentielle : la poursuite du processus de décentralisation pour contenir la corruption. Le but des lois sur la décentralisation votées en 1999 était d’amener les centres de pouvoir au plus près des gens afin qu’ils puissent participer au processus de décision et jouer pleinement leur rôle de citoyens. Mais l’extension de la corruption reste frappante.

Dernier défi : résoudre le problème des inégalités entre les régions et régler celui des séparatismes sans brutalité ni recours à l’armée comme à Aceh. Ce général ferme et rassurant sera-t-il l’homme de la situation ? Seul l’avenir le dira.


par Any  Bourrier

[21/09/2004]

Chronique Asie : les précédent(e)s

L’Asie au cœur

[23/03/2007]




Made in China

[20/03/2007]




Tristes records

[14/03/2007]







Les derniers éditos et chroniques (texte)

Chronique des matières premières


Chronique des médias


Chronique ACP


Chronique armée-défense