Les ressources convoitées de la mer de Chine orientale

Le Japon accuse la Chine de ne pas respecter les limites de sa zone économique exclusive pour explorer des champs de gaz en mer de Chine orientale. Pékin, de son côté, appelle le Japon à ne pas prendre des mesures unilatérales qui feront monter la tension en accordant des droits de forage à des sociétés privées dans une zone disputée par les deux pays. Ce nouvel épisode de la rivalité sino-japonaise pour l’accès aux ressources en hydrocarbures intervient au moment où les relations entre Pékin et Tokyo sont au plus bas. Une grande manifestation anti-japonaise a été organisée samedi à Pékin, à Zhongguancun, le quartier de la haute technologie de la capitale chinoise.

L’année dernière, l’incursion d’un sous-marin nucléaire chinois dans les eaux territoriales japonaises avait mis en lumière la  tension entre les deux grandes puissances asiatiques. A l’époque, tant Pékin que Tokyo avaient cherché à minimiser l’incident, qui s’est produit au large du chapelet d’îles Miyako, dans l’archipel d’Okinawa. Mais cet incident a montré quels sont les enjeux de cette zone : ils sont à la fois stratégiques, militaires et économiques.

L’importance stratégique et militaire pour la Chine est évidente : si un conflit éclate avec Taiwan, Pékin entend y déployer des sous-marins pour bloquer l’arrivée des porte-avions américains. La mer de Chine orientale a également une importance économique car les sous-sols marins autour des îles Senkaku sont riches en hydrocarbures. D’ailleurs, Pékin et Taiwan les revendiquent depuis qu’une étude des Nations unies a indiqué, en 1969, que cet archipel recèle des gisements de pétrole et de gaz. Or, la Chine est aujourd’hui le deuxième consommateur de pétrole au monde et elle montre un appétit pour ces matières premières aussi gigantesque que celui du Japon. Chinois et Japonais sont en concurrence aussi bien pour le pétrole du Moyen Orient que pour le pétrole russe.

Les grandes manœuvres pour le contrôle de ces ressources ne font donc que commencer. Le 9 février, Tokyo a placé sous contrôle de sa marine un phare construit sur la plus grande île des Senkaku. Les stratèges du ministère japonais de la Défense ont conçu des scénarios d’attaques chinoises contre le Japon, dans le cadre de la nouvelle loi de programmation militaire attendue d’ici à la fin de l’année. Dans un rapport soumis à la Diète, un groupe de sénateurs a recommandé une réduction drastique de l’aide au développement à la Chine, arguant de sa robuste croissance économique, de la hausse de ses dépenses militaires ainsi que de la montée des sentiments anti-nippons à Pékin.

par Any  Bourrier

[11/04/2005]