Le Traite de non-prolifération des armes nucléaires en examen

A partir de demain, et durant tout le mois de mai, des experts se réunissent à New-York pour faire le point sur le traité de non-prolifération des armes nucléaires, un des plus difficiles qui soient à faire respecter. Ne serait-ce que parce que les intérêts divergent selon que l’on possède ou non, justement cette arme nucléaire, ou qu’on rêve de s’en doter, ou encore – comme c’est le cas d’Israël – qu’on en dispose secrètement, tout en faisant officiellement comme si ce n’était pas le cas.

Pour ce qui est des «grandes puissances», qui mènent traditionnellement ce grand jeu nucléaire, on considère ce «TNP» comme un instrument de réduction mutuelle des arsenaux, avec pour objectif  de limiter à 2 000 environ le nombre de «têtes» stratégiques dans le monde – mais on n’y est pas encore – et aussi comme un moyen de garder la plus fermée possible la porte de ce «club nucléaire», qui a appris à bien se connaître au temps de la vieille «guerre froide», lorsque qu’Est et Ouest se faisaient face dans une configuration qu’on avait joliment qualifiée «d’équilibre de la terreur».

Du côté des non-nucléaires, et même des «anti», on fait valoir justement que cette «guerre froide» a vécu, qu’il est temps de remiser ces joujoux, tellement dangereux qu’on n'ose pas s’en servir. Ces pays insistent sur le volet «désarmement» et voudraient même que les détenteurs d’armes atomiques cessent tout simplement de les brandir. Et cela, même si c’est sous la forme de cette lointaine et mystérieuse menace, tapie dans les silos à fusées des sous-marins, au fond des océans – puisque c’est cette technique qu’utilisent Américains, Britanniques, Français et Russes pour exercer leur pouvoir de «dissuasion» à la différence des Indiens, Pakistanais ou des Chinois, qui exercent leur menace depuis la Terre.

Enfin, il y a ces pays qui s’estiment menacés, à un titre ou à un autre, et qui voudraient rejoindre le club, mais qui en sont empêchés justement par ce traité. On pense à l’Iran, à la Corée du Nord. Mais d’autres pays ont été tentés, grâce justement à ces filières de «prolifération» passées notamment par le Pakistan. Il s’agit par exemple de l’Irak, de l’Afrique du Sud ou de la Libye, qui y ont officiellement  renoncé. Ce groupe de pays est sous surveillance renforcée, notamment depuis les attentats de 2001, et la guerre anti-terroriste mondiale. Et cela d’autant plus que, s’ils peuvent difficilement se doter de l’arme nucléaire stratégique, ces pays peuvent songer à acquérir voire à fabriquer une autre catégories d’armements nucléaires dits «tactiques»: des « bombinettes », à utiliser sur un théâtre limité, mais qui seraient cependant dévastatrices.

Dans ce domaine du tactique, on est dans le secret, dans le flou. Environ 20 000 armes dans le monde, pense-t-on, échappent au processus de non prolifération initié, il y a déjà presque quarante ans, par ce fameux «TNP», objet de la «conférence d’examen» convoquée à partir de demain donc à New-York. Pourvu qu’il en sorte quelque chose !

par Philippe  Leymarie

[30/04/2005]