Le tsunami et les droits de l’homme

Le tsunami du 26 décembre 2004 avait tué plus de 217 000 personnes en Asie. La catastrophe avait touché une dizaine de pays dont certains étaient en proie à des rebellions armées, synonymes de violations des droits de l’homme. Les  meilleurs exemples sont, d’une part, l’Indonésie en raison de l’existence d’un  mouvement  séparatiste à Aceh. Et, d’autre part, le Sri Lanka, où les Tigres de l’Eelam Tamoul se battent toujours contre le pouvoir en place à Colombo. Depuis, un accord de paix a été signé entre les rebelles  de la province musulmane d’Aceh et le gouvernement de Djakarta. Mais au Sri Lanka les négociations de paix sont toujours au point mort.

Dans ces deux pays la phase de secours qui a suivi le tsunami a ouvert grand les portes aux abus de toutes sortes. Le centre des droits de l’homme de l’université de Berkeley soutient que «des groupes vulnérables, comme les femmes, les enfants et les travailleurs immigrés ont souffert de violations des droits de l’homme  notamment des violences sexuelles et des arrestations arbitraires». Mais les exactions les plus terribles ont eu lieu dans certaines zones «où les responsables gouvernementaux ont refusé l’accès des personnes sinistrées à l’aide afin de parvenir à leurs objectifs militaires». Ces exactions ont été nombreuses à Aceh, où, dès le lendemain de la catastrophe, l’armée indonésienne avait fait construire en toute hâte des «camps stratégiques», des véritables camps de concentration où des centaines d’individus fuyant le tsunami ont trouvé la mort, victimes de la violence des militaires. Selon l’ONG International Crisis Group, ces camps stratégiques auraient été construits selon le modèle  du Timor Oriental. Dans cette ancienne colonie portugaise le bilan  de l’occupation indonésienne est particulièrement lourd :  300 000 personnes tuées ou disparues, soit un tiers de la population victimes de la répression de la TNI, l’armée de Djakarta.

Dans son étude intitulée «Après le tsunami : les droits de l’homme des populations vulnérables», le centre note aussi que «Les rescapés du tsunami sont en colère. Des mois ont passé et beaucoup vivent toujours dans des camps de déplacés où ils n’ont quasiment pas voix au chapitre sur la façon dont leurs lieux de vie seront reconstruits». Ses auteurs en tirent une leçon pour les catastrophes à venir : «Nous devons être vigilants sur le respect des droits de l’homme des victimes des désastres naturels ».

par Any  Bourrier

[20/10/2005]