Chronique armée-défense
En dépit de la déclaration de «l’état d’urgence» en France pour mettre fin aux émeutes dans les cités, il n’a pas été fait recours à l’armée. Si l’on en croit ce que le général Bentegeat a indiqué lui-même, ces jours-ci, aux membres de l’Association des journalistes de Défense, «il n’en a jamais été question». Le chef d’état major des armées ne cache d’ailleurs pas que, si on le lui avait demandé, il serait «monté au créneau». Ce recours à l’armée aurait été «une grave erreur. Chaque fois qu’on a engagé l’armée dans le maintien de l’ordre, cela a mal tourné, car elle n’est pas faite pour».
Ce qui n’empêche pas d’avoir engagé, bien sûr, dans cette crise des banlieues, la gendarmerie mobile, qui est à la disposition du ministre de l’Intérieur, mais reste de statut militaire, avec tout ce qui en découle : disponibilité, discipline, équipement «lourd». Une quarantaine d’escadrons ont été et déployés en appui des Compagnies républicaines de sécurité, les CRS, qui appartiennent à la police nationale.
Bien que n’étant pas partie prenante sur le plan du maintien de l’ordre, l’armée a été sollicitée pour ce qui est du «traitement social» de la crise. Elle l’était déjà à travers un plan «Défense 2ème chance», avec la création -à terme- d’une vingtaine de centres de formation, en internat, encadrés par des réservistes. Un plan dont les objectifs, pour l’occasion, ont été doublés. Et qui a été intégré dans le dispositif général de «service civil» annoncé par le président Chirac au lendemain de ces émeutes .
L’armée, quand on lui demande si le social est dans sa vocation, affirme qu’elle en a toujours fait : l’alphabétisation, l’ascenseur social à travers l’ancien «service national», aujourd’hui le Service militaire adapté, qui a été maintenu dans les départements d'Outre-Mer - et donc ce plan Défense 2ème chance, qui ne coûte cher ni en personnel (des réservistes), ni en bâtiments (d’anciennes casernes), ni en crédits de fonctionnement (le ministère des affaires sociales règle la note).
Pour le patron des armées, il faut résister cependant à la tentation de reconstituer «par petits bouts» le service militaire à l’ancienne, qui a été longtemps un facteur d’intégration, mais qui ne l’était déjà plus, des décennies avant sa suppression, tant il était devenu inégalitaire.
En ce qui concerne les immigrés, ou leurs descendants, les armées -selon le général Bentegeat- «sur-recrutent» déjà fortement, même si ce n’est pas comptabilisé. La marine, par exemple, a un dispositif «d’insertion, chaque année, de 300 jeunes en difficulté», avec une filière «d’engagés initiaux de courte durée», sur contrats de trois ans, pour la manutention sur le pont d’envol, ou les services généraux du porte-avions ou la participation aux activités de sûreté (maîtes-chiens, pompiers). Des emplois peu qualifiés, mais qui représentent -pour certains de ces éléments en perdition- «l’occasion de leur vie». Plus de 5 000 jeunes sont passés par là, en huit ans.
Autre expérience, à une échelle moindre : le gouverneur militaire adjoint de Paris, le général de Richoufftz, qui s’est lancé avec passion dans une opération «un permis pour un emploi». Un parcours citoyen depuis les quartiers jusqu’à l’entreprise, via l’apprentissage de la conduite auto.
par Philippe Leymarie
[26/11/2005]
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