Chronique armée-défense
«Là où le 4x4 s'arrête, le quatre pattes passe», avait l'habitude de marteler un militaire, lorsqu'il devait expliquer pourquoi le chameau est revenu ces dernières années au goût du jour, notamment dans les armées des pays du Sahel. Exemple au Mali, où des unités méharistes sont été recréées il y a dix ans, sur la demande du gouvernement de Bamako qui venait de conclure un accord de paix avec les mouvements touaregs... mais voulait se donner les moyens de mieux contrôler désormais ses vastes confins.
Aujourd'hui, il y a cinq unités opérationnelles, sur une bande comprise entre les frontières mauritanienne, algérienne et nigérienne. La plupart sont déployées à plus de 1 000, voire à 1 700 km de la capitale, Bamako. Chacune comporte une bonne centaine d'hommes, répartis en pelotons disposés sur des postes avancés, à plusieurs dizaines de km de leur casernement de base. Missions des méharistes, qu'on appelait les goums ou goumiers sous la colonie: le renseignement, le contrôle, l'arbitrage de conflits locaux, ou encore des escortes au profit des fonctionnaires, des ONG, voire des touristes.
Les atouts, c'est d'abord le dromadaire, un compagnon inusable, si on sait le pratiquer. Qui peut intervenir dans les zones les plus difficiles. Avec lenteur et discrétion. Qui est, historiquement un acteur familier de l'environnement nomade, proche de la culture de ses habitants. Qui donc ne fait pas trop peur, même si les méharistes modernes sont bien sûr correctement armés, avec également des moyens radios, des GPS pour la navigation, des panneaux solaires...
Bien sûr, on ne s'improvise pas méhariste: outre la formation militaire classique, il y a des stages à «l'école du dromadaire», et une «école de patrouille». Des patrouilles qui durent un mois: on chemine de nuit, au rythme lent et saccadé des montures, de puits en puits, à la recherche de bons pâturages. Le jour, on cherche l'ombre et on boit le thé. Après un mois, repos pour les bêtes et les hommes, alors qu'une autre patrouille a pris la relève.
Il existe de telles gardes nomades dans la plupart des pays du Sahel, notamment en Mauritanie, au Niger, au Tchad, à Djibouti. La décolonisation avait eu raison de la plupart de ces unités de méharistes ou de goumiers, dont la tradition remontait à la fin du XIXe siècle. Dans la plupart de ces pays, elles sont été reconstituées, durant les années 90, avec l'aide d'ailleurs de la coopération militaire française, qui avait conservé un certain savoir-faire «colonial». Mais le dernier méhariste confirmé de l'armée française, le major Michel Burais, est à la retraite depuis quelques mois.
par Philippe Leymarie
[04/12/2005]
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