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Dossier Asie

Que reste-t-il du maoïsme ?

Any Bourrier 

		(Photo: RFI)
Any Bourrier
(Photo: RFI)

A l’heure de l’intégration de la Chine à l’économie mondiale que reste-t-il de l’œuvre de Mao Tsé-Toung ? Le parti communiste, sans aucun doute. Il est toujours au cœur de la politique chinoise, fort de 69 millions de membres, répartis en 4 millions de cellules. Il assume en quelque sorte la pérennité de son propre pouvoir au détriment d’autres groupes sociaux. Mais à part le PCC, les quelques images pieuses qui font le bonheur des collectionneurs et le célèbre mausolée de la Place Tian An Men, la marque laissée par l’homme qui a dominé la Chine pendant un quart de siècle tend à s’estomper.

Même la définition maoïste de la société chinoise divisée en deux classes, paysans et ouvriers, n’est plus «appropriée à notre époque» selon le pouvoir actuel. L’Académie de sciences sociales, entièrement dans les mains du Parti, a publié récemment un rapport pour informer les Chinois que la société dans laquelle ils vivent se divise aujourd’hui en dix couches sociales et qu’il n’y a plus de classes. Mao doit se retourner dans son cercueil en verre où son corps embaumé repose depuis trente ans. Paradoxalement, il n’est pas question d’abandonner la terminologie maoïste et la référence au communisme dans les documents officiels. Mais en octobre 2002, lors de l’introduction dans les statuts du Parti de la «théorie de la triple représentativité» à l’initiative de Jiang Zemin, le PCC est devenu le parti de la nation entière et non plus du seul prolétariat. Autre changement de taille : il n’est plus le parti de la révolution.

Comme il arrive souvent après la chute d’un despote, la mise en question de l’héritage de Mao est le fait  de son propre camp. En 1980, considérant qu’il avait le «droit d’inventaire», Deng Xiao Ping a choisi une nouvelle voie pour le développement de la Chine. Son fondement est la stabilité politique dans une croissance forte. Les autorités chinoises ont baptisé cette voie «socialisme de marché». Elle a permis une métamorphose dont seuls les chiffres peuvent traduire la profondeur. En 25 ans, 300 millions de Chinois sont sortis de la pauvreté, le revenu par tête d’habitant a quadruplé. La Chine est devenue le premier producteur mondial de charbon, d’acier et de ciment. Quelque 80% des montres vendues dans le monde, 50% des appareils photo, 30% des fours à micro-ondes, un quart des lave-linge et un cinquième des réfrigérateurs sortent des ateliers de «l’usine du monde». Une extraordinaire revanche sur le passé. Ayant élaboré ainsi pour son pays «une stratégie de temps de paix», afin de sortir la Chine du marasme où l’avait plongée la mégalomanie de Mao, Deng Xiao Ping a donné le coup de grâce à sa pensée et à ses idéaux.


par Any  Bourrier

[07/09/2006]

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