Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Dossier Asie

Le Pakistan et la prolifération nucléaire

Any Bourrier 

		(Photo: RFI)
Any Bourrier
(Photo: RFI)

Les Américains s’en doutaient. Mais ils n’en avaient pas de preuve : Abdul Qadeer Khan, le «père» de la bombe atomique pakistanaise, dirigeait un réseau d’exportation illégale de technologies nucléaires au bénéfice de plusieurs pays, parmi lesquels la Corée du Nord. Dans les années 90 le mystérieux ingénieur, tenu pour un héros national au Pakistan, s’était rendu au moins 13 fois à Pyongyang, une ville peu appropriée pour faire du tourisme.

L’autobiographie du président pakistanais Pervez Musharraf vient confirmer ces soupçons. Entre autres révélations fracassantes, il affirme avoir su très tôt que Qadeer Khan se livrait à des activités illégales. «J’ai reçu un rapport selon lequel des experts nucléaires nord-coréens se rendaient souvent au Pakistan pour y être formés secrètement», écrit le président pakistanais.

Après avoir nié pendant longtemps toute implication de son pays dans l’exportation de technologie nucléaire à l’Iran, à la Libye et à la Corée du Nord, cet aveu a une importance fondamentale. Il permet également de comprendre comment l’ingénieur Khan et les autorités nord-coréennes ont coopéré à partir de 1990. Grâce au père de la bombe pakistanaise, Pyongyang a pu enrichir de l’uranium en utilisant des prototypes de centrifugeuses de fabrication pakistanaise. Elles avaient été dessinées par Abdul Qadeer Khan et transportées ensuite en Corée du Nord par des avions de l’armée de l’air du Pakistan. Dans son livre, Musharraf laisse entendre que les Nord-Coréens maîtrisent depuis un bon nombre d’années l’utilisation de technologies nucléaires très avancées, notamment la mise en oeuvre des centrifugeuses de la deuxième génération appelées P2.

Pour les Etats-Unis, ces révélations sont à double tranchant. Elles prouvent que la collaboration entre le Pakistan et la Corée du Nord dans le domaine nucléaire a bel et bien existé. Mais elles pèsent déjà sur le projet de faire évoluer favorablement les relations entre Washington et Pyongyang, comme le demande avec insistance l’ancien secrétaire d’Etat adjoint Richard Armitage. Quoi qu’il en soit la Corée du Nord a annoncé il y a quelques jours qu’elle compte retirer des barres de combustible d’un réacteur pour obtenir davantage de plutonium destiné à la fabrication d’armes atomiques. Les autorités nord-coréennes veulent se servir de ce matériel comme moyen de pression contre les Etats-Unis. La Maison Blanche vient en effet de marquer des points face au régime de Kim Jong Il en persuadant des pays tiers, comme le Yémen et la Libye, de ne plus lui acheter de missiles.

par Any  Bourrier

[27/09/2006]

Dossier Asie : les précédent(e)s

L’Asie au cœur

[23/03/2007]




Made in China

[20/03/2007]




Tristes records

[14/03/2007]







Les derniers éditos et chroniques (texte)

Chronique des matières premières


Chronique des médias


Chronique ACP


Chronique armée-défense