Chronique Asie
Les chefs de gouvernement de la Malaisie et de la Thaïlande ont signé ce lundi un accord historique : ils se sont engagés à trouver une solution commune pour mettre fin aux troubles qui agitent le Sud thaïlandais à majorité musulmane. Selon le Premier ministre malaisien, Abdullah Ahmad Badawi, «les deux pays sont décidés à tout faire pour résoudre les différents conflits afin d’améliorer la situation des populations locales».
Depuis plusieurs années cette région est en proie à une rébellion qui a fait quelque 2 000 victimes. Le Sud thaïlandais est secoué par une série de conflits isolés mais intenses qui créent un ensemble explosif de problèmes sociaux, économiques et politiques. Le chômage, la drogue et la dégradation des mœurs minent la communauté musulmane.
Les origines de cette rébellion sont donc ethniques, religieuses et économiques. La région où les troubles sont les plus forts est formée par des provinces qui étaient autrefois des sultanats malais autonomes. Leur annexion par le royaume thaïlandais n’a pas été sans heurts. Mais un modus vivendi a toujours existé entre les Thaïlandais de souche, de confession bouddhiste, et les musulmans qui habitent les provinces de Pattani, Yala et Narathiwat.
Grâce à leur double nationalité, thaïlandaise et malaisienne, ces populations disposent de deux passeports et croisent facilement la ligne frontalière. Cette double appartenance permet aux insurgés d’échapper aisément aux forces de l’ordre en cas de conflit. Mais, comme l’a signalé le Premier ministre Badawi, «l’instabilité de cette région est surtout la conséquence du sous-développement et de la pauvreté». D’où la décision des deux gouvernements de mettre l’accent sur des projets permettant d’accélérer la croissance économique.
Cet accord n’aurait pas été possible avant l’installation de Surayud Chulanot à la tête du gouvernement thaïlandais. Car son prédécesseur, Thaksin Shinawatra, obligé de quitter le pouvoir par un coup d’Etat militaire en septembre 2006, accusait la Malaisie de soutenir les insurgés. Après son départ, les relations entre les deux voisins se sont améliorées et le Premier ministre Badawi a pu se rendre à Bangkok en visite officielle pour la première fois depuis qu’il est au pouvoir. Outre cet accord de coopération, la Malaisie a d’autres ambitions dans le Sud musulman, notamment celle de devenir le médiateur incontournable au cas où les insurgés et le gouvernement thaïlandais décideraient d’ouvrir des négociations de paix.
par Any Bourrier
[13/02/2007]
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