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Chronique Asie

Des grains de sable entre Singapour et l’Indonésie

Any Bourrier 

		(Photo: RFI)
Any Bourrier
(Photo: RFI)

La rivalité entre Singapour et l’Indonésie n’est pas une nouveauté. Tout oppose en effet ces deux pays du Sud-Est asiatique : la dimension, le niveau de développement économique, la formation ethnique et la religion. Le grand archipel indonésien, à majorité musulmane, est riche en matières premières et très peuplé. Son économie, toutefois, n’arrive pas à décoller. La cité-Etat, dont le territoire ne dépasse pas les 700 km2 et  ne compte que 3 millions d’habitants, est la plus petite nation de l’Asie du Sud-Est. Mais elle est aussi la plus prospère : en 2006, son PIB a progressé de 7,9 % par rapport à 2005.

Ne disposant d’aucune ressource naturelle, Singapour se fournit depuis des années en sable pelleté sur des îles indonésiennes. Ce sable est utilisé pour bâtir ses gratte-ciel et ses polders. Jakarta a cependant décidé brusquement le mois dernier de cesser ses exportations de sable afin de protéger la nature. Il est vrai que l’Indonésie subit depuis des années les effets désastreux de la destruction de l’environnement dont sont responsables des entreprises forestières, agricoles et minières. «L’exploitation du sable a causé de graves dommages à l’environnement en particulier dans les îles Sebayik et Nipah», a déclaré la porte-parole de la diplomatie indonésienne Desra Percaya.

Fort du soutien des militants écologistes, le gouvernement indonésien a déployé sa marine pour examiner les barges de transport et empêcher le transfert du sable vers Singapour. Parallèlement, Jakarta a exigé des compensations financières : «les excavations, notamment dans les îles Riau, ont provoqué l’extinction de plusieurs espèces de poisson, la destruction des bancs de coraux et la disparition d’îlots» assure l’association Ocean Watch. Le gouvernement indonésien craint également la disparition à terme de certaines petites îles, grignotées par les godets des pelles mécaniques.

Singapour nie évidemment toute responsabilité dans les dégâts écologiques et l’érosion de sa frontière avec l’Indonésie. Mais le gouvernement de la cité-Etat est inquiet car cette affaire touche les intérêts du secteur BTP. Le sable indonésien est l’élément de base du béton nécessaire pour la poursuite des grands travaux en cours, notamment la construction de deux casinos de plusieurs millions de dollars sur des îles artificielles. A l’opposé, des milliers d’ouvriers indonésiens des sablières risquent le chômage. La solution existe mais ne suscite pas l’enthousiasme des autorités singapouriennes : la signature d’un pacte frontalier avec l’Indonésie en bonne et due forme.


par Any  Bourrier

[15/02/2007]

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