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Chronique Asie

La Chine et l’OMC: bilan d’une année en demi-teintes

Any Bourrier 

		(Photo: RFI)
Any Bourrier
(Photo: RFI)
Un an après l’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce, il n’y a pas de doute: l’ouverture de son économie à la concurrence étrangère se fait sans trop de dégâts. Même si le rythme des réformes est encore lent et beaucoup reste à faire pour limiter les effets pervers d’une bureaucratie omniprésente, ou pour régler les conflits d’intérêts entre les acteurs économiques et un parti unique qui veut tout régenter, le bilan est positif.

Mais au-delà de la modernisation obligatoire du tissu industriel, de la création de groupes compétitifs, de la réforme indispensable des entreprises publiques déficitaires, l’entrée de la Chine dans cette organisation a eu un effet qu’on n’attendait pas: cette adhésion a d’ores et déjà des conséquences politiques. En exigeant des acteurs économiques chinois qu’ils respectent les règles de la bonne gouvernance, l’OMC a donné un sacré coup de pouce à la création d’un état de droit. Car dans cette Chine triomphante, qui affiche des taux de croissance de 8% par an, entre le parti tout puissant et le marché, il n’y a rien, aucun système régulateur, aucune institution pour défendre l’intérêt général.

Après les massacres des étudiants qui exigeaient au printemps 1989, sur la place Tiananmen un peu plus de démocratie dans le pays, le pouvoir communiste a fait comprendre à la société chinoise qu’elle n’avait qu’un seul droit: celui de consommer. Sois riche et tais toi, c’était le message martelé par les dirigeants à l’adresse des nouvelles classes moyennes apparues en Chine grâce à l’économie de marché. Par conséquent, la société chinoise s’est désintéressée du politique. Indifférente aux défis que représentent aujourd’hui le chômage, les migrations rurales, le sida, le vieillissement de la population, le désarroi de la jeunesse, cette nouvelle classe moyenne s’est repliée sur elle même. On a assisté à la naissance d’un égoïsme de classe aux effets cyniques dévastateurs. Or, aujourd’hui le régime a besoin de ces acteurs économiques pour soulager la pression des demandes sociales et donc pour jouer un rôle politique.
La Chine s’acheminerait-elle vers un système plus ouvert et démocratique, grâce à l’OMC? Des rapprochement récents entre haut responsables du gouvernement chinois et des partis sociaux démocrates pour s’enquérir du fonctionnement de la social-démocratie en Europe le laissent supposer. Ce serait paradoxal mais non surprenant que l’adhésion à l’OMC tant souhaitée par le régime communiste signifie en fait le début de sa fin.

par Any  Bourrier

[10/12/2002]

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