Chine, les défis du nouveau pouvoir
Any Bourrier
(Photo: RFI)
Il y aura du monde au Palais du peuple, place Tian An Men, pour l’ouverture des travaux de la Xe réunion de l’Assemblée nationale populaire. Les délégués sont tous venus de leurs provinces pour élire l’équipe qui va diriger le pays les cinq prochaines années. Mais les jeux sont faits depuis le XVIe congrès du tout puissant Parti communiste chinois, en novembre dernier. Les remaniements à la tête du pays ont été décidés alors par le président Jiang Zemin et les députés devront seulement entériner ses choix. Hu Jintao deviendra donc le nouveau président de la Chine.
Lui et son équipe auront des défis majeurs à relever dans les domaines économique, social, politique et diplomatique. Le plus grand défi est économique: il requiert une amélioration de la gouvernance publique et l’instauration de contre-pouvoirs dans le système politique du pays. C’est avant tout la poursuite de la croissance, l’unique source de légitimité du pouvoir actuel. Mais cette croissance ne sera effective que si l’on donne un coup d’accélérateur aux réformes structurelles des entreprises d’Etat et des banques. Le prochain gouvernement devra donc poursuivre la libéralisation de l’économie afin d’attirer les investisseurs privés.
Le défi social, quant à lui, est gigantesque: les restructurations dans les entreprises d’état provoquent une multiplication des sans-emploi et le chômage est aujourd’hui le problème social numéro un du pays. Il y aurait entre 80 et 100 millions de chômeurs aujourd’hui en Chine. Par ailleurs, le fossé entre les provinces riches à l’est et pauvres à l’ouest, ainsi qu’entre les villes et les campagnes, continue à se creuser. La terre nourrit de moins en moins les paysans, obligés d’aller chercher du travail ailleurs. Comment le pouvoir va-t-il maîtriser l’exode rural est une autre question.
Parmi les défis politiques la question des libertés sera au cœur du débat en Chine. Le régime ne pourra pas encore longtemps refuser de se démocratiser tout en poursuivant l’ouverture du pays au monde extérieur. La question des libertés concerne également l’environnement, la santé publique, le logement. Des associations se sont formées pour aider les chinois à régler ces problèmes. Quel degré de liberté le nouveau pouvoir sera-t-il prêt à accorder à ces mouvements ?
Enfin, dans le domaine diplomatique, il est certain que les nouveaux dirigeants chinois continueront à faire de la réunification avec Taiwan une priorité.
par Any
Bourrier
[04/03/2003]