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Chronique Asie

Inde, le terrorisme couleur safran

Any Bourrier 

		(Photo: RFI)
Any Bourrier
(Photo: RFI)
Il y a un an, le dirigeant d’extrême droite Bal Thackeray, patron à Bombay du puissant parti Shiv Sena, avait préconisé la formation de kamikazes hindous pour contrer «le terrorisme islamique» en Inde. L’homme qui est pour certains indiens un semi-dieu, le tout puissant seigneur qui règne sur la capitale de l’Etat du Maharastra, la porte de l’Inde, voulait profiter ainsi des inquiétudes suscitées par des attentats imputés à des islamistes au Cachemire indien.

Aujourd’hui, l’attentat à la voiture piégée près du temple hindou Mumba Devi dans le centre de la capitale économique et financière du sous-continent prouve que ses déclarations incendiaires ont fait leur chemin. Les attentats de Bombay ont certainement une motivation religieuse puisqu’ils se sont produits peu après l’annonce de la découverte des restes d’un temple hindou sous la surface de la mosquée Babri à Ayodhya.

Depuis l’arrivée au pouvoir en 1998 du parti du peuple indien le BJP, le nationalisme hindou a le vent en poupe. A Bombay, les extrémistes du Shiv Sena y ont trouvé un terreau fertile pour leurs idées fanatiques. Car cette grande métropole a été totalement bouleversée par un développement économique accéléré et inégalitaire. Mais partout, en Inde, déferle depuis cinq ans la vague safran, la couleur sacrée de l’hindouisme.

A New Delhi le BJP domine la coalition gouvernementale. Il a réussi, au début de l’année, à remporter les élections dans l’Etat du Gujerat, en proie à des émeutes entre hindous et musulmans. Il a mis en place une politique musclée de propagation de ses idées et un noyautage systématique de la société indienne par le biais de l’association des volontaires nationaux, le RSS et du Conseil mondial des hindous, le VHP.

A la veille des scrutins d’automne dans quatre grands Etats et quelques mois avant les élections générales de 2004, le BJP n’arrête pas de gagner du terrain. Symbole de cette nouvelle fièvre, la mosquée d’Ayodhia, démolie en 1992, une blessure au cœur des musulmans.

Les antagonismes religieux ne sont pas sans conséquence sur le sort des droits de l’homme en Inde, surtout lorsque ces tensions permanentes se trouvent aggravées par l’instabilité politique. En l’absence d’un Etat central fort, les Etats fédérés se montrent incapables de faire prévaloir les valeurs fondamentales, notamment la liberté de penser et la tolérance. Des valeurs qu’on peut légitiment attendre d’un pays qui se présente volontiers comme «la plus grande démocratie du monde».

par Any  Bourrier

[26/08/2003]

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