Népal : la paix inaccessible
Any Bourrier
(Photo: RFI)
Pas d’assemblée constituante, pas de nouvelle Constitution, pas de désarmement des maoïstes. La trêve de sept mois est terminée. Décidément, la paix semble de plus en plus inaccessible pour les habitants du Népal.
Cet Etat tampon, coincé entre les deux géants d’Asie, la Chine, au nord et l’Inde, au sud, connaît depuis 1996 l’une des dernières guérillas maoïstes au monde. Initialement conscrit aux régions de l’Ouest, le mouvement a gagné plus de 30 des 75 districts du pays. L’insurrection, qui vise à abolir la monarchie, a fait environ 4 000 victimes. Elle a aussi ruiné un peu plus le pays, déjà classé parmi les dix les plus pauvres du monde.
Dans ce royaume hindou, les postes à responsabilité sont occupés par les hautes castes, les brahmanes, le reste des népalais vivant dans la pauvreté et l’illettrisme, qui touche 70% de la population. Les maoïstes, exploitent ces inégalités, recrutant la plupart de leurs combattants parmi les ethnies bouddhistes de l’Ouest, oubliées du pouvoir central.
Depuis l’apparition de la guérilla, le paradis népalais, nirvana des hippies puis des trekkers et des alpinistes, n’est plus. Le pays a perdu en juin 2001 sa famille royale dans un massacre encore mal expliqué. Ses 23 millions d’habitants, confrontés à une guerre civile qui ne dit pas son nom, sont victimes des combats, des règlements de compte et d’exécutions sommaires, pratiqués par les deux camps.
En novembre 2001, le gouvernement, qui se repose sur sa police, a finalement fait appel à l’armée pour tenter de vaincre la rébellion. Il a imposé l’ état d’urgence dans un pays qui connaissait malgré tout depuis dix ans une réelle vie démocratique sous l’œil attentif du roi. Mais jusqu’à présent la petite armée népalaise, soutenue d’abord par l’Inde et ensuite par des conseillers américains, n’a remporté que des succès limités contre des guérilleros bien implantés dans des régions qu’ils connaissent par cœur. Mal équipés, mal entraînés, les militaires ne font guère le poids face à une guérilla pourtant estimé à moins de 10 000 hommes.
Le timide processus de paix qui se dessinait à Katmandou depuis le début de l’année confortait ceux qui plaçaient leurs espoirs dans une solution politique. Le gouvernement n’a pas accepté la principale exigence des maoïstes : la convocation d’une assemblée constituante. Aujourd’hui, le Népal entre à nouveau dans une période d’autodestruction et de désintégration nationale.
par Any
Bourrier
[29/08/2003]