Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Cuba

Castro fidèle au poste

Fidel Castro, qui fête ce mercredi ses 77 ans, reste un chef d’Etat immuable bien décidé à conserver le pouvoir, et ce malgré les nombreuses interrogations portant sur son état de santé.
«Je suis Cuba». Le titre de ce film propagande réalisé en 1963 par le cinéaste russe Mikhaïl Kalatozov et sélectionné lors du dernier festival de Cannes pourrait être celui d’une autobiographie de Fidel Castro tant la vie du président cubain colle avec l’histoire de l’île depuis un demi-siècle. Il a été de tous les combats menés par les militants nationalistes de cette île au cours des cinquante dernières années, devenant le leader incontesté de la révolution cubaine après l’attaque réalisée par un groupe de combattants en 1953 contre une caserne de l’armée cubaine, La Moncada. Après l’échec de cet assaut, Fidel Castro et son frère Raul furent condamnés, respectivement, à 15 et 13 années de prison. Il retrouvèrent leur liberté dès 1955 grâce à une amnistie présidentielle, acceptant en échange de s’exiler au Mexique. Ils revinrent clandestinement l’année suivante dans leur pays où ils entamèrent une lutte armée qui permit à la Révolution de triompher en 1959 et à Fidel de prendre les rênes de l’île.

Quarante-quatre ans après, Fidel est toujours au pouvoir, et son frère, de cinq ans son cadet, toujours dans son ombre. Vice-président cubain, il est logiquement pressenti comme le successeur de Fidel Castro et semble être prête à l’assumer à n’importe quel moment. Car les spéculations sur la santé de Fidel Castro vont bon train depuis quelques années, le président semblant fatigué après toutes ces décennies de lutte. En 1997, Fidel disparaît pendant plusieurs semaines et les premières rumeurs apparaissent. Depuis, chaque intervention de ce tribun réputé pour ses discours pouvant durer plusieurs heures sont suivies avec beaucoup d’attention. Certains relèvent un débit laborieux ou des incohérences. Le 23 juin 2001, Fidel est victime d’un malaise et s’effondre alors qu’il prononce une allocution retransmise en direct à la télévision. Devant la foule médusée, le ministre cubain des Affaires étrangères, Felipe Perez Roque, prend le micro et lance «Vive Raul, vive Fidel !». La succession devient soudainement à l’ordre du jour. Fidel l’aborde lui-même quelques semaines plus tard dans une interview accordée à la chaîne américaine NBC en déclarant : «mon frère Raul est en bonne santé. (…) Il est sans doute celui qui, après moi, a la plus grande expérience. Je pense dès lors qu’il a capacité de prendre ma succession.»

Un combat jusqu’au bout

Si le nom du successeur est connu, la date de la succession reste en revanche un mystère. A 77 ans, Fidel a passé plus de la moitié de sa vie au pouvoir. Et il ne semble pas envisager de pouvoir le quitter de son propre chef, comme en témoigne sa réélection pour un cinquième mandat consécutif au mois mars à la tête du Conseil d’Etat et des ministres. Travailleur infatigable, il entend mener jusqu’au bout son combat politique. «Nous sommes un pays socialiste et nous continuerons à être socialistes. Malgré des obstacles colossaux, nous sommes en train de construire une société nouvelle et plus humaine, avec plus d’expérience, d’enthousiasme, de vigueur et de rêves que jamais», déclarait-il ainsi récemment, en expliquant que son destin «n’était pas de venir au monde» pour se «reposer à la fin de sa vie».

Cette vision poétique, beaucoup de Cubains ne la partagent pas ou plus. Les files des opposants politiques à Fidel Castro grossissent sur l’île et à l’étranger, les nombreuses violations aux droits de l’Homme constatées sur l’île donnant l’image d’un régime dictatorial. Face à la grogne de la population due au manque de libertés individuelles et aux difficiles conditions de vie, Fidel répond par la fermeté. Chaque mouvement de contestation est durement réprimé, comme en témoigne les lourdes condamnations prononcées au mois d’avril contre 75 opposants ou les exécutions de trois preneurs d’otages qui voulaient détourner une embarcation pour se rendre aux Etats-Unis. Faisant fi de la vague de protestation internationale, Fidel Castro a expliqué ne pas avoir d’autre option. Et il a clairement manifesté son intention de maintenir la même attitude autoritaire jusqu’à son dernier souffle.



par Olivier  Bras

Article publié le 13/08/2003