Corée du Nord, puissance nucléaire ?
Any Bourrier
(Photo: RFI)
En avril, la Corée du Nord avait reconnu pour la première fois posséder l’arme nucléaire. Lors d’une réunion tripartite à Pékin, le chef de la délégation nord-coréenne avait même affirmé que Pyongyang envisageait d’en faire un essai, voire d’en exporter. Cette reconnaissance et ces menaces ont conduit alors les interlocuteurs américains et chinois à interrompre les pourparlers destinés à résoudre la crise nucléaire dans la péninsule coréenne.
Selon les Américains, la délégation nord-coréenne leur avait proposé un marché destiné à mettre fin à la menace de ses armes nucléaires et de ses missiles, en échange de garanties politiques et de compensations économiques. Une proposition jugée «audacieuse» par Pyongyang mais que les Américains avaient éludée.
La conférence à six qui s’est tenu ensuite à Pékin fin août n’a pas apporté une véritable réponse à la question: quel est le potentiel nucléaire réel de Pyongyang ? Les affirmations nord-coréennes en la matière sont-elles du bluff ? Car il est difficile de croire en ces assurances sans preuves, les autorités nord-coréennes ayant compris que leur meilleure arme de dissuasion est d’entretenir le flou.
Les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique, qui se sont rendus à plusieurs reprises à la centrale de Yongbyon, l’un des quatre sites nucléaires nord-coréens, n’ont pas pu voir grand chose, leurs inspections se déroulant sous haute surveillance. Les services de renseignements américains n’arrivent pas à avoir d’informations crédibles non plus. Même les diplomates chinois, pourtant les amis de confiance de la Corée du Nord, avouent en privé ne pas connaître la réalité du nucléaire développé dans le royaume Hermite.
Les spécialistes ont tout de même quelques certitudes: l’existence, en Corée du Nord, de quatre sites nucléaires, l’extraction de plutonium à la centrale de Yongbyon, l’existence, dans cette même centrale, de caisses contenant environ 9 000 barres de combustible irradié et, enfin, une coopération nucléaire avec le Pakistan qui a duré presque vingt ans.
Dans l’état actuel des choses, personne ne peut assurer que le régime de Kim Jong Il soit capable de faire exploser une ou deux bombes atomiques, comme l’assurent les Américains. A moins que, lors du défilé militaire de ce jour de fête à Pyongyang, Jim Jong Il nous réserve une surprise: un nouveau missile dans les rues de la capitale et un premier test nucléaire souterrain ou en plein air, un test dont l’annonce ferait trembler toute la région.
par Any
Bourrier
[09/09/2003]