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Chronique Asie

Singapour, la capitale branchée de l’Asie

Any Bourrier 

		(Photo: RFI)
Any Bourrier
(Photo: RFI)
Singapour devrait remercier le Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra. Grâce à lui, son développement économique a pris un nouvel essor. Depuis qu’il a forcé les bars à fermer à deux heures du matin dans son pays, Bangkok a perdu sa place traditionnelle de capitale des homosexuels. La principale ville thaïlandaise était en effet la première destination pour la clientèle gay de Taiwan, du Japon, de la Corée du Sud et même de l’Inde.
Singapour devrait remercier également son Premier ministre Goh Chok Tong pour avoir permis que cette ville, jusqu’alors réputée pour son sens rigide de la moralité, devienne progressivement une capitale branchée. Il a d’abord accepté une révision de la législation qui interdit les «actes homosexuels».Il a permis ensuite aux homosexuels de devenir fonctionnaires. Une première dans cette cité-Etat austère et moraliste où on ne peut pas mâcher du chewing-gum ni traverser en dehors des passages cloutés sans payer des amendes importantes. A Singapour, la consommation de cannabis est passible de la peine de mort et les individus qui ne respectent pas ses codes de comportement stricts peuvent être battus.
Enfin, les autorités ont peu à peu rendu facile la vie de la communauté homosexuelle en lui accordant davantage de visibilité. Les clubs, les bars et les saunas abondent maintenant et peuvent fonctionner librement. Ils ont aussi le droit de rester ouverts 24 heures sur 24. Ainsi, les services et les produits destinés à la communauté homosexuelle se cachent de moins en moins. Témoin de cette nouvelle ouverture: la fête de la Nation, tenue la veille de la fête nationale, début août. Célébrée à la façon du Mardi Gras en Occident, elle est perçue par les homosexuels asiatiques comme «leur» fête. Cette année, sa troisième édition a attiré 5 000 participants, deux fois plus que l’année précédente.

Comment expliquer cette volte-face du gouvernement de Singapour, connu pour son manque d’ouverture aux idées modernes et son rejet de toute permissivité ? Il faut rappeler que dans cette ville-Etat la presse et la vie politique ne jouissent pas de la même liberté que dans les pays démocratiques occidentaux. La raison est simple: elle s’appelle le dollar rose. Les milieux d’affaires singapouriens, notamment les commerçants, dont certains font 40% de leur chiffre d’affaires avec la clientèle homosexuelle, ont vite compris tout le bienfait du dollar rose pour le développement de la ville. On s’attend désormais à une croissance exponentielle de certains secteurs d’activité de cette ville autrefois si prude, surtout les services et le tourisme. Une croissance due paradoxalement à la consommation gay.

par Any  Bourrier

[22/09/2003]

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