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Chronique Asie

Asie : les femmes et le pouvoir

Any Bourrier 

		(Photo: RFI)
Any Bourrier
(Photo: RFI)
La première femme à accéder à la magistrature suprême fut la mongole Suhbaataryn Yanjmaa, en 1953. Mais c’est en Asie du Sud et du Sud-est qu’on retrouve le plus grand nombre de femmes au pouvoir. Elles ont un point commun: toutes ont repris le flambeau d’un mari ou d’un père décédé.

Cette spectaculaire et paradoxale réussite est le résultat d’un cocktail complexe où se mêlent le parfum des dynasties, une bonne dose d’ambition et un goût prononcé pour le culte des martyrs. Pour toutes, le pouvoir est un destin, un héritage et un devoir. Elles sont les héritières: leurs pères et leurs maris ont régné avant elles et tous ont été assassinés. Devenues veuves ou orphelines, ces infatigables Antigone de l’Asie ont repris le flambeau, connaissant tour à tour l’exil ou la prison, la tragédie et la gloire.

Qu’on en juge: la bégum Khaleda Zia, chef de l’Etat bangladais est la veuve de l’ancien général président Zia Ul Rahman, assassiné lors d’un coup d’état en 1980. Sa rivale directe, la chef de l’opposition Cheik Hassina Wajed est la fille du père du Bangladesh, Mujib Ur Rahman, abattu par des colonels félons lors du putsch de 1975.

Au Sri Lanka, la présidente Chandrika Kumaratunga est la fille de Salomon Bandaranaike, chef du premier gouvernement cinghalais indépendant, assassiné en 1959 par un bonze. Elle est également la veuve de l’homme qui a succédé à son père Vijay Kumaratunga, lui aussi assassiné pour s’être prononcé en faveur de la négociation avec les Tigres.

Prenons le cas de l’immense et riche Indonésie, l’archipel aux 13 000 îles, 500 langues et 200 millions d’habitants. Depuis deux ans Megawati, dont le prénom signifie «fille des nuages de l’orage» est au pouvoir et ne se montre pas indigne de l’héritage de Sukarno. Discrète, mesurée, elle a toutes les chances d’être réélue à la tête de l’Indonésie l’année prochaine. Un peu plus à l’est, aux Philippines, Cory Aquino et maintenant Gloria Arroyo perpétuent cette tradition de transmission du pouvoir de père en fille.

Qui n’a pas connu le Sud-est asiatique du temps de l’empire britannique ne peut se faire une idée du prestige dont jouissait Aung San, le fondateur de l’Etat birman avant d’être assassiné en plein conseil des ministres par son rival U Saw. S’en est suivi une longue dictature jusqu’au jour où une femme mince, drapée de fierté outragée est apparue pour défier les militaires: Suu Kyi, la fille du héros de l’indépendance. Son prix Nobel de la paix et son intransigeance font de cette femme combattante un modèle pour les jeunes générations.

Aujourd’hui, en se portant candidate à l’élection présidentielle d’août 2004, Tutut Suharto, la fille de l’ancien dictateur indonésien Suharto renoue avec cette tradition dynastique. Deux femmes, deux héritières, deux ambitions, un beau combat en perspective aux portes du pouvoir.

par Any  Bourrier

[08/12/2003]

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