Education
Comment rétablir l’égalité des chances
Le repli identitaire, dont le port du voile islamique n’est qu’un signe, est, dans bien des cas, la réaction aux difficultés d’accès aux études longues et à l’emploi des jeunes d’origine immigrée. Des voix s’élèvent qui invitent à s’attaquer aux causes de la discrimination plus qu’à ses effets.
Nombre de sociologues l’affirment, la montée du communautarisme en France, ces dernières années, serait le résultat de la frustration de ne pouvoir s’intégrer dans la société et y progresser à la mesure de ses possibilités. L’interdiction par la loi du voile islamique à l’école et dans la fonction publique reviendrait donc à lutter contre les effets sans se préoccuper des causes. Bien conscient de cela le président de la République, prenant fermement position pour la laïcité le 17 décembre 2003 a dénoncé, aussi, l’existence de «ghettos à l’urbanisme inhumain» que l’on trouve dans les «quartiers» où la notion «d’égalité des chances» n’a plus de sens. Il a encore rappelé que «tous les enfants de France sont les fils et les filles de la République» et que dans cet esprit, il est indispensable de «refonder» la politique d’intégration pour ne pas laisser de côté les jeunes issus de l’immigration qui se heurtent souvent à des discriminations du fait de leur origine. Il a appelé à ce niveau à «une réaction énergique».
Sur la nécessité de rétablir l’égalité des chances quel que soit le sexe, l’origine ou la religion, un consensus existe. Mais sur les moyens d’atteindre cet objectif les divergences commencent. Le débat qui s’est instauré sur les notions de «discrimination positive», de «mobilisation positive», comme le suggère le Haut conseil de l’intégration dans son dernier rapport, ou de «volontarisme républicain», en est la manifestation. Mais tous sont d’accord pour souligner la sous-représentation des jeunes des quartiers urbains sensibles dans la fonction publique, les universités et les grandes écoles et leur sur-représentation dans les statistiques du chômage.
Le Haut conseil de l’intégration souhaite une meilleure reconnaissance des mérites individuels et veut favoriser la promotion sociale de ces jeunes issus de l’immigration. «S’il a fallu nommer le préfet Aïssa Dermouche au tour extérieur, est-ce parce qu’il n’y avait aucun Français d’origine maghrébine dans l’administration qui remplisse les critères habituels pour être promu ? Si c’est le cas, là est bien le problème» souligne Yazid Sabeg, dans une contribution pour l’Institut Montaigne sur «les oubliés de l’égalité des chances». Il préconise d’adopter des mesures correctrices pour rétablir l’égalité des chances là où elle n’existe pas. Et tout d’abord à l’entrée dans les grandes écoles. L’expérience menée par Sciences-Po à paris pour recruter des étudiants talentueux mais défavorisés socialement et culturellement devrait être étendue à d’autres établissements. Mais, aussi, pour casser le système de reproduction des élites françaises il serait bon de modifier le contenu des concours, «connotés» de manière à être beaucoup plus facilement accessibles aux rejetons des familles favorisées.
Accès à l’emploi qualifié
Ainsi les jeunes qui auraient été sélectionnés dans les zones d’éducation prioritaires pour faire partie de modules intensifs de préparation à l’entrée aux grandes écoles seraient en mesure de passer, et de remporter, les mêmes concours que les autres.
Toutefois, cette filière d’excellence ne résoudra pas le problème de ceux qui, à l’instar de l’immense majorité de leurs camarades français «de souche», n’intégreront jamais une grande école ou la haute fonction publique. Pour les jeunes des quartiers défavorisés, touchés massivement par le chômage, les petits boulots, les travaux précaires, les stages-parking sans avenir, l’inactivité conduit au découragement et à la perte de confiance en soi. Le refuge dans la religion, sous sa version intégriste, est parfois une des rares voies offertes.
Quand ils ne sont pas qualifiés les jeunes sont en voie de marginalisation. Et quand ils le sont, ils sont victimes de discriminations à l’embauche. A cela s’ajoute l’inadéquation fréquente entre les formations professionnelles dispensées dans le cadre de l’éducation nationale et la réalité du marché du travail. Un plan massif en faveur de la formation de ces jeunes aux emplois de demain s’impose. Lui-même chef d’entreprise Yazid Sabeg affirme que les besoins en emplois pour l’avenir sont déjà connus et en répertorie une vingtaine. Conçue dans le cadre d’accords avec les branches professionnelles qui se plaignent de ne pouvoir recruter le personnel qualifié qu’elles recherchent, cette formation présenterait une quasi-assurance de débouchés et constituerait une filière concurrente de la filière générale, comme les BTS, études professionnalisantes supérieures, le sont des universités.
Sur la nécessité de rétablir l’égalité des chances quel que soit le sexe, l’origine ou la religion, un consensus existe. Mais sur les moyens d’atteindre cet objectif les divergences commencent. Le débat qui s’est instauré sur les notions de «discrimination positive», de «mobilisation positive», comme le suggère le Haut conseil de l’intégration dans son dernier rapport, ou de «volontarisme républicain», en est la manifestation. Mais tous sont d’accord pour souligner la sous-représentation des jeunes des quartiers urbains sensibles dans la fonction publique, les universités et les grandes écoles et leur sur-représentation dans les statistiques du chômage.
Le Haut conseil de l’intégration souhaite une meilleure reconnaissance des mérites individuels et veut favoriser la promotion sociale de ces jeunes issus de l’immigration. «S’il a fallu nommer le préfet Aïssa Dermouche au tour extérieur, est-ce parce qu’il n’y avait aucun Français d’origine maghrébine dans l’administration qui remplisse les critères habituels pour être promu ? Si c’est le cas, là est bien le problème» souligne Yazid Sabeg, dans une contribution pour l’Institut Montaigne sur «les oubliés de l’égalité des chances». Il préconise d’adopter des mesures correctrices pour rétablir l’égalité des chances là où elle n’existe pas. Et tout d’abord à l’entrée dans les grandes écoles. L’expérience menée par Sciences-Po à paris pour recruter des étudiants talentueux mais défavorisés socialement et culturellement devrait être étendue à d’autres établissements. Mais, aussi, pour casser le système de reproduction des élites françaises il serait bon de modifier le contenu des concours, «connotés» de manière à être beaucoup plus facilement accessibles aux rejetons des familles favorisées.
Accès à l’emploi qualifié
Ainsi les jeunes qui auraient été sélectionnés dans les zones d’éducation prioritaires pour faire partie de modules intensifs de préparation à l’entrée aux grandes écoles seraient en mesure de passer, et de remporter, les mêmes concours que les autres.
Toutefois, cette filière d’excellence ne résoudra pas le problème de ceux qui, à l’instar de l’immense majorité de leurs camarades français «de souche», n’intégreront jamais une grande école ou la haute fonction publique. Pour les jeunes des quartiers défavorisés, touchés massivement par le chômage, les petits boulots, les travaux précaires, les stages-parking sans avenir, l’inactivité conduit au découragement et à la perte de confiance en soi. Le refuge dans la religion, sous sa version intégriste, est parfois une des rares voies offertes.
Quand ils ne sont pas qualifiés les jeunes sont en voie de marginalisation. Et quand ils le sont, ils sont victimes de discriminations à l’embauche. A cela s’ajoute l’inadéquation fréquente entre les formations professionnelles dispensées dans le cadre de l’éducation nationale et la réalité du marché du travail. Un plan massif en faveur de la formation de ces jeunes aux emplois de demain s’impose. Lui-même chef d’entreprise Yazid Sabeg affirme que les besoins en emplois pour l’avenir sont déjà connus et en répertorie une vingtaine. Conçue dans le cadre d’accords avec les branches professionnelles qui se plaignent de ne pouvoir recruter le personnel qualifié qu’elles recherchent, cette formation présenterait une quasi-assurance de débouchés et constituerait une filière concurrente de la filière générale, comme les BTS, études professionnalisantes supérieures, le sont des universités.
par Francine Quentin
Article publié le 28/01/2004