2004 : année électorale en Indonésie
Any Bourrier
(Photo: RFI)
Au cours des six prochains mois les indonésiens seront appelés à se rendre aux urnes au moins deux fois et probablement trois. Le 5 avril ils devront choisir leurs représentants au sein des assemblées nationales, provinciales, locales et régionales. Puis, le 5 juillet, ils éliront le président et le vice-président. Un second tour de l’élection présidentielle est prévu le 20 septembre si nécessaire.
L’élection du chef d’état par le vote direct, et non plus par un collège électoral en partie nommé, est l’une des évolutions majeures du système institutionnel indonésien.
Les élections générales d’avril prochain, les neuvièmes du genre, constituent elles aussi une nouvelle étape importante dans la construction de la jeune démocratie indonésienne, six ans après la chute du dictateur Suharto. Leur enjeu : permettre aux deux plus grandes formations politiques de mesurer leurs poids et leur influence. La bataille pour la suprématie au Parlement entre le Parti démocratique indonésien le PDI-P de la présidente Megawati Sukarnoputri et le Golkar, l’ancien parti de Suharto promet d’être rude.
Malgré l’importance des législatives, qui visent à renouveler la Chambre des représentants du Peuple et de composer le nouveau Conseil Représentatif régional, l’abstention risque d’être forte. Car les électeurs indonésiens sont déçus par six années de mauvaise gouvernance. Après 30 années de régime autoritaire, l’avènement de la démocratie représentait une chance de résoudre les problèmes de l’archipel. Mais ceux-ci restent toujours sans solution.
Le premier mal dont souffre l’Indonésie est la corruption, de l’administration à l’armée, de la police à la justice.
Le deuxième est le vide politique qui favorise l’émergence de personnalités publiques sans expérience. Pour gouverner, elles doivent s’allier à ceux de l’ancien régime qui sont encore puissants. Le mouvement étudiant de 1998 s’est disloqué au bout de quelques mois. Aucune nouvelle génération politique n’a percé pendant ces six dernières années.
Enfin, un dernier facteur de déstabilisation est la montée d’un islam à la fois rigoriste et moderniste. Cet islam se positionne au sein de la société indonésienne comme une sorte de valeur refuge contre une influence occidentale jugée décadente et contre l’immobilisme de l’islam coutumier et syncrétiste.
Dans un pays où l’islam est comme un ballon dans le jeu politique, la campagne électorale qui vient de commencer peut réserver une surprise : que les partis séculiers soient débordés par une offensive des partis musulmans, dont les arguments électoraux sont particulièrement mobilisateurs.
par Any
Bourrier
[11/03/2004]