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Chronique Asie

Les régionales françaises vues de Pékin

Any Bourrier 

		(Photo: RFI)
Any Bourrier
(Photo: RFI)
Le régime chinois a toujours eu un faible pour la droite française. Elle était au pouvoir lorsque de Gaulle a reconnu la République populaire de Chine, en 1964. Elle était revenue aux affaires, après les deux mandats du socialiste Mitterrand, lorsque, en 1994, le Premier ministre Edouard Balladur a promis aux dirigeants de Pékin de cesser toute collaboration militaire avec Taiwan. C’est un autre Premier ministre de droite, Jean-Pierre Raffarin, qui a osé braver l’épidémie du SRAS, en se rendant l’année dernière dans la capitale chinoise en visite officielle. Même court, son périple de 24 heures, au pas de charge, dans une ville tétanisée par ce syndrome, a réchauffé le coeur des dirigeants chinois. Il a été le seul chef de gouvernement occidental à ne pas les traiter comme des pestiférés.

Puis, il y a deux mois, Jacques Chirac a condamné le projet de référendum du président Chen Shui-bian sur les relations de Taiwan avec la Chine. Il a aussi beaucoup oeuvré pour que l’Union européenne accepte de suspendre l’embargo sur les technologies de pointe à usage militaire, qui frappe Pékin depuis le massacre de la place Tiananmen en 1989.

Les autorités chinoises voient dans la droite française une garantie de stabilité et de continuité dans les relations bilatérales. Des relations qui se sont d’ailleurs fortement personnalisées depuis la visite de Jiang Zemin en Corrèze et celle de Jacques Chirac dans la région natale de l’ancien président chinois.

Avec les socialistes français, en revanche, le courant n’est jamais vraiment passé. Dans les cercles dirigeants chinois, on se souvient encore de l’entretien entre le Premier ministre Li Peng et le ministre du Commerce extérieur du gouvernement socialiste de l’époque Dominique Strauss-Khan. Début 90, lors de sa première rencontre avec le «boucher de Tiananmen», Strauss-Khan lui a fait savoir que le principal point de leurs discussions devait être le respect des droits de l’Homme en Chine et non le commerce. On a vu alors un Li Peng blême et humilié claquer la porte et refuser tout contact avec les dirigeants français de l’époque.

Aujourd’hui, les difficultés de Jean-Pierre Raffarin, la solitude de Jacques Chirac et la perspective d’un retour de la gauche aux affaires ont un goût amer pour les dirigeants de Pékin. Il y a dans cette peine un peu de fidélité à ces amis qui, selon un diplomate chinois, «ont si bien compris la Chine». Mais il y a aussi la crainte que les volte-face de l’électeur français puissent, à terme, menacer cet édifice construit avec patience au fil des six dernières années: le partenariat stratégique franco-chinois.

par Any  Bourrier

[24/03/2004]

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