Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Chronique Asie

Thaïlande: le pire est à venir

Any Bourrier 

		(Photo: RFI)
Any Bourrier
(Photo: RFI)

Au départ, personne ne semblait avoir une idée précise des instigateurs de la vague de violence qui secoue le Sud de la Thaïlande. Les membres du gouvernement pointaient du doigt des trafiquants d’armes, des politiciens véreux ou d’anciens séparatistes. La semaine dernière, ils accusaient des jeunes drogués qui tentaient de voler des armes aux forces de sécurité pour les revendre. Puis, le premier ministre Thaksin Shinawatra a changé d’avis. Il les impute maintenant aux radicaux islamistes. Le chef du gouvernement thaïlandais était pourtant au courant de leur présence dans la région. Fin 2002, les services de renseignement occidentaux indiquaient au gouvernement de Bangkok que des membres de l’organisation indonésienne Jemaah Islamiyah s’étaient réunis dans le Sud de la Thaïlande pour préparer l’attentat de Bali.

Depuis des siècles, des liens unissent les différentes communautés musulmanes du Sud-est asiatique. Ces réseaux ont pu, dans les dernières décennies, contribuer à nouer des solidarités entre des mouvements islamistes en conflit avec leur gouvernement central. L’émergence d’un réseau islamiste proprement thaïlandais est donc plus que probable, grâce notamment aux liens établis avec les deux principales organisations islamistes indonésiennes: le GAM de la province indonésienne d’Aceh et la Jemaah Islamiyah.

Le développement de ces réseaux est aujourd’hui favorisé par plusieurs facteurs. Le premier est le vieux séparatisme yawi des paysans et des pêcheurs des quatre provinces du Grand Sud, très réticents à se considérer comme des thaïlandais. Pour eux, l’Islam identitaire marque un refus de la domination «coloniale» de Bangkok. Le deuxième est la présence du wahhabisme. Cette doctrine, qui prêche le retour à un Islam pur et dur, s’est répandue dans le Sud de la Thaïlande dès les années 80.

Le troisième facteur est l’envoi de soldats thaïlandais en Irak. Après avoir longuement résisté aux pressions de la Maison Blanche, Thaksin a accepté de participer à l’ effort de guerre de la coalition. Son but: obtenir des compensations, notamment dans les relations commerciales de la Thaïlande avec les Etats-Unis.

Ces trois facteurs ont transformé le Sud du pays en une véritable poudrière. Certains s’attendent à de nouvelles vagues de violence, comme celles qui ont marqué l’insurrection musulmane des années 70. D’autres n’hésitent pas à évoquer l’hypothèse d’une guerre de religion.


par Any  Bourrier

[05/05/2004]

Chronique Asie : les précédent(e)s

L’Asie au cœur

[23/03/2007]




Made in China

[20/03/2007]




Tristes records

[14/03/2007]







Les derniers éditos et chroniques (texte)

Chronique des matières premières


Chronique des médias


Chronique ACP


Chronique armée-défense