Chronique Asie
En dépit des procès pour détournement de fonds dont il reste tributaire, le Golkar vient de remporter les législatives indonésiennes. Une bonne nouvelle pour l’ancien dictateur Suharto, récemment sorti de l’hôpital, après une semaine de soins pour une hémorragie interne.
Une bonne nouvelle aussi pour l’armée indonésienne qui fait un retour spectaculaire sur la scène politique grâce à ce parti. En effet, lors de la convention du Golkar pour choisir son candidat à la présidentielle, trois sur cinq étaient des généraux à la retraite.
Mauvaise nouvelle, en revanche, pour les démocrates. Car le retour du Golkar sur la scène politique pose problème à la jeune démocratie indonésienne. Même si cette formation se présente désormais comme un parti «nouveau», capable de ramener la prospérité de l’ère Suharto, il ne faut pas oublier qu’il est tout sauf démocratique. Car le Golkar est soutenu par des généraux étroitement liés à Suharto, comme son gendre Prabowo Subianto, ex-chef des forces spéciales, suspecté d’avoir été, dans le passé, derrière beaucoup de coup tordus. Il est aussi perçu par grand nombre d’indonésiens comme le parti des riches et des puissants. Son président, Akbar Tanjung, a été condamné en septembre 2002 à trois ans de prison pour corruption. Il a été blanchi en février mais les suspicions demeurent.
Certes, ce parti s’est transformé pour s’accorder aux règles du jeu et a effectivement joué son rôle d’opposition à la présidente Megawati Sukarnoputri. Mais il semble de plus en plus disposé à renouer avec ses vieilles habitudes. Le choix de Wiranto comme candidat à la présidentielle en est la preuve. Cet proche de Suharto, ancien commandant en chef de l’armée, a été inculpé pour crimes contre l’humanité. Il est accusé par les Nations Unies d’avoir couvert les exactions commises en 1999 par des milices alliées aux militaires indonésiens au Timor oriental.
Malgré cette image contrastée, le Golkar semble avoir retrouvé la confiance des électeurs. Mais sa victoire aux législatives doit être relativisée. Le parti a tiré profit de deux facteurs: d’ une part, de la nostalgie de l’ère Suharto et, d’autre part, de la mémoire courte des indonésiens. Ceux-ci en ont assez du manque d’efficacité du gouvernement de Megawati Sukarnoputri et n’ont pas oublié les taux de croissance de l’Indonésie durant les trente ans de règne de Suharto. Reste à savoir si le général Wiranto aura des chances de gagner le scrutin du 5 juillet. Sa victoire sera une bonne nouvelle pour le Golkar, bien sur mais aussi une belle revanche pour le clan Suharto.par Any Bourrier
[06/05/2004]
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