Chronique Asie
Cible d’un tir groupé de ses adversaires d’hier et d’aujourd’hui, le général Wiranto, candidat du parti Golkar à l’élection présidentielle du 5 juillet, a réagi vite et fort: il a choisi comme colistier Solahuddin Wahid, le président de la Commission nationale des droits de l’Homme, connu pour sa lutte en faveur d’un état de droit en Indonésie.
Wiranto essaye de couper court aux manœuvres destinées à fragiliser sa candidature. En effet, ses concurrents ont marqué un point grâce à ce coup de projecteur sur son passé d’ancien ministre de la défense, jugé responsable des massacres qui ont suivi le référendum sur l’indépendance au Timor Leste en août 1999. Le mandat d’arrêt lancé contre lui par un juge de Dili a eu un effet désastreux, anéantissant tout le travail entrepris depuis plusieurs mois pour donner de l’ancien chef de l’armée indonésienne l’image d’un«homme nouveau et propre».
Ce travail a consisté surtout à faire croire que Wiranto a changé. Qu’il a tiré un trait sur son passé de fidèle serviteur de l’«Ordre Nouveau», le système politique de Suharto. Et que son souhait aujourd’hui est de devenir le premier président indonésien élu par le suffrage universel avec, pour principale mission, la défense des valeurs universelles de la démocratie. La preuve: le choix de la plus haute autorité du pays en matière de droits de l’Homme pour être candidat à la vice-présidence à ses côtés.
En tant que commandant en chef de l’armée, Wiranto a effectivement couvert les atrocités commises aussi bien par milices timoraises favorables au maintien du Timor dans le giron de l’Indonésie que par certains secteurs de l’armée indonésienne. A l’époque, environ 200000 personnes avaient été déportées au Timor occidental voisin et environ 70% de l’ensemble des bâtiments du territoire avaient été détruits.
Mais pour les Timorais eux-mêmes ces accusations doivent être relativisées. A leurs yeux, le vrai responsable est le commandant Prabowo Subianto, le gendre de Suharto qui a orchestré les massacres et la destruction de 1999. Le président Xanana Gusmão a d’ailleurs indiqué que les relations avec l’Indonésie primaient sur la procédure judiciaire lancée à l’encontre de Wiranto.
Pris en tenaille entre deux voisins puissants, l’Australie et l’Indonésie, le président du Timor Leste souhaite avoir des relations apaisées avec les deux. Enfin, pour être cohérent avec ses propres valeurs, Gusmão doit soutenir le candidat qui sera élu démocratiquement en juillet, même s’il s’agit en l’occurrence de son ancien bourreau.par Any Bourrier
[12/05/2004]
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