Chronique Asie
En 1992, lorsque la chute de Kaboul aux mains des moudjahidin est devenue inéluctable, Pékin a fermé son ambassade et a mis fin a tout contact officiel avec l’Afghanistan. Douze ans plus tard, l’heure est à la détente : réouverture de l’ambassade à Kaboul, échange de diplomates et reprise des liaisons aériennes entre Kunduz, dans le nord-est afghan et Urumqi, la capitale de la province chinoise du Xingjiang.
Depuis trois ans, la présence de la Chine en Afghanistan s’est également développée dans le domaine économique. Des entreprises chinoises ont compris qu’elles pourraient tirer parti de la reconstruction d’un Afghanistan limitrophe, dévasté par des décennies de guerre civile et d’occupation militaire. Pour mieux profiter de l’aide de la communauté internationale, ces entreprises ont occupé le créneau des travaux publics, notamment celui de la réfection des routes.
Ainsi, l’entreprise qui employait les 11 ouvriers tués par des terroristes était elle-même chargée de reconstruire la route menant de Doshi, dans la province de Baghlan, à la frontière du Tadjikistan ainsi que le tronçon reliant Doshi à Kaboul.
La présence chinoise en Afghanistan a un autre objectif, plus discret mais plus inquiétant. Un rapport sur Al-Qaïda établi par des agents qui ont pu infiltrer les deux camps de cette organisation situés dans les zones tribales à la frontière pakistano-afghane conclut que la Chine a été largement impliquée dans le réseau de Ben Laden en Afghanistan. Pendant les trois dernières années du régime taliban, Pékin aurait laissé les extrémistes musulmans de la minorité ouïgoure du Xingjiang rejoindre les rangs d’Al-Qaïda soit en Afghanistan soit au Pakistan.
En effet, depuis les attentats du 11 septembre, la Chine a durci sa politique de répression à l’encontre des Ouïgours au nom de l’éradication du terrorisme. Des milliers de jeunes ouïgours ont choisi alors le chemin de l’exil. Sans travail et sans argent, ils ont trouvé refuge dans les écoles religieuses où ils été enrôlés par les Taliban. Mais le gouvernement chinois soutient que les activistes ouïgours ont été influencés, encouragés et approvisionnés en armes par des organisations terroristes, notamment Al-Qaïda et les Taliban.
Aujourd’hui, avec le massacre de ses ressortissants, Pékin paye le prix non seulement de son double jeu en Afghanistan mais aussi de sa politique de répression au Xingjiang, au nom de la lutte antiterroriste.
par Any Bourrier
[11/06/2004]
Chronique Asie : les précédent(e)s
[23/03/2007]
[22/03/2007]
[21/03/2007]
[20/03/2007]
[16/03/2007]
[14/03/2007]
[13/03/2007]
[12/03/2007]
[09/03/2007]
Les derniers éditos et chroniques (texte)
[19/01/2009]
[15/11/2008]
[21/12/2008]