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Chronique Asie

Le jeu trouble des maoïstes népalais

Any Bourrier 

		(Photo: RFI)
Any Bourrier
(Photo: RFI)

Le Premier ministre népalais Sher Bahadur Deuba a tendu la main aux maoïstes dès sa nomination. Il voulait reprendre contact avec la guérilla afin de parvenir à un cessez-le-feu et à de nouvelles négociations. Son objectif était de mettre fin à  une guerre intérieure qui ruine et déstabilise le pays. Mais Prachandra, nom de guerre  choisi par  le chef des rebelles et qui signifie «le féroce» en népalais, n’a pas voulu le rencontrer. A ses yeux, les efforts du Premier ministre sont voués à l’échec. Lors de la nomination de Sher Bahadur Deuba, début juin, il a rappelé la principale exigence des maoïstes : la mise en place d’une assemblée constituante, où ils entendent réclamer l’abolition de la monarchie.

Née des déceptions de la «révolution de 1990» qui a mis un terme à la monarchie absolue, l’insurrection maoïste a été pendant longtemps cantonnée dans l’Ouest du Népal. Dans cette région, le soutien des paysans sans terre et des intouchables lui a permis de prendre le contrôle de huit districts, sur les 70 que compte le pays. La rébellion y lève les impôts, organise l’éducation et la santé. Mais, depuis l’assassinat du roi Birendra et d’une bonne partie de sa famille en juin 2001, dans des circonstances qui restent obscures, c’est l’ensemble du Népal qui est plongé dans la crise. Et les maoïstes sont désormais partout. Ils sont même présents dans les vallées et les collines des alentours de la capitale, Katmandou.

Sher Bahadur Deuba, Premier ministre entre juillet 2001 et novembre 2002, était pourtant parvenu à signer un cessez-le-feu avec la guérilla mais les négociations de paix ont fini par échouer en raison de l’intransigeance de Prachanda. Les autorités ont réagi en proclamant l’état d’urgence et  en confiant à l’armée la responsabilité de la lutte anti-guérilla. Les combats ont repris et ont fait des milliers de morts. Les attaques contre les ponts, les centrales électriques et les commissariats de police sont devenues presque quotidiennes.

L’attentat qui vient de faire une vingtaine de morts dans l’ouest du Népal prouve que les perspectives restent sombres pour ce pays secoué par la violence. Les espoirs de paix sont retombés et le pays est aujourd’hui dans l’impasse. Cet attentat va  relancer une guerre civile qui n’ose pas dire son nom, pour le plus grand malheur des Népalais. Sectaires et dogmatiques, les maoïstes de Prachanda n’abandonnent pas leur rêve d’établir dans ce royaume himalayen ce qu’ils appellent «une démocratie populaire». A n’importe quel prix.


par Any  Bourrier

[15/06/2004]

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